Opinion
Hypothèses
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 28 avril
2012
François
Hollande, président, va continuer en
Syrie ce que Nicolas Sarkozy a commencé.
Ce n'est pas une hypothèse, c'est une
certitude, quand on sait qu'il a jubilé
quand l'OTAN s'est engagée à faire sa
«révolution» en Libye. Il se dit
d'ailleurs prêt à y aller «dans le cadre
de l'ONU». De plus, c'est dans l'ordre
des choses, puisqu'il a aussi voté la
mise en tutelle de la France par la
finance internationale. Les «contras»
syriens du CNS, cette caricature
d'opposants expérimentée par la CIA en
Amérique du Sud, vont donc continuer à
avoir table et antenne ouvertes à Paris.
Mais on peut émettre l'hypothèse que le
nouveau président risque d'être
contrarié par sa base électorale et par
tous ceux qui attendent que cela
«change». Ce qui est, en principe,
inévitable, quand on sait le cumul de
frustrations de l'ère sarkozyste. Dans
ce cas, il lui faudra renoncer à
pressurer les Français. Il sera, alors,
obligé de revoir son profil atlantiste,
sa servilité à l'égard des banques et,
partant, sa diplomatie supplétive.
Conséquemment, il lui faudra redéployer
le système français d'alliance de façon
à réinsérer son pays ailleurs que dans
le bloc ultralibéral. Il s'agira, tout
simplement, d'avoir les coudées franches
dans la gestion des équilibres
socioéconomiques, en fonction des
impératifs des citoyens français, contre
les «marchés». Dans ce cas de figure,
les «amis du peuple syrien» seront bien
embêtés et les futurs hypothétiques
«amis de l'Iran» peut-être. Cela reste
une hypothèse, mais y en a-t-il une
autre qui soit plus raisonnable ? Devant
le fait que les donneurs d'ordres
actuels se servent les premiers en Libye
et que les retombées de l'agitation
françaises sont loin d'être connues. Si
cette hypothèse se met en route, une
autre hypothèse est possible, la pire,
pourtant très fortement probable. On ne
le laissera pas faire. La France est au
cœur du réseau de vassalité des
Etats-Unis, depuis trop longtemps, et
son territoire est enclavé dans le champ
atlantiste. Ce qui fait que sa "
«désertion» serait intolérable pour
l'édifice actuel du «monde-libre». De
plus, l'effet domino sur l'Espagne, le
Portugal, la Grèce et, pourquoi pas
l'Italie, est garanti. Et quand on sait
ce qui se passe en Hongrie, où un
premier ministre de «droite» et
fascisant, décide de faire tout le
contraire de ce qu'il était prévu qu'il
fasse. C'est-à-dire que, contre toute
attente, il a récupéré la Banque
centrale hongroise pour utiliser ses
réserves, qu'il a taxé les banques
privées à 60% et les grands groupes
étrangers, qu'il a renforcé le pouvoir
de l'Etat sur l'économie, nationalisé
les fonds de retraite privés et affirmé
la «souveraineté de la nation hongroise»
contre l'ingérence ultralibérale et ses
relais locaux. «Il n'y a personne au
monde qui puisse intervenir dans le
processus législatif hongrois, qui
puisse dire aux députés élus par le
peuple hongrois quelles lois ils peuvent
ou ne peuvent pas voter» est une
déclaration imparable du point de vue
démocratique, que Papandréou, le Grec,
n'a pas trouvée. Sale temps pour
François Hollande. Sarkozy avait, au
moins, la tête de l'emploi, n'était pas
«socialiste» et ses recettes n'avaient
pas encore démontré leurs effets.
Article publié sur
Les Débats
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