Opinion
La leçon de Mme
Clinton
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 28 février
2012
Mme Hillary
Clinton semble avoir mille fois raison,
quand elle dit que les peuples doivent
décider pour eux-mêmes. C'est le
principe fondamental de la démocratie
qu'elle invoque. On est donc tenté de ne
pas lui demander de quoi elle se mêle et
qui l'a habilitée à donner des leçons
aux gens. Mais elle donne l'occasion de
lui dire de regarder d'un peu plus près
ce qui se passe chez elle, dans cette
«démocratie» de l'argent et des lobbies,
dans cette «démocratie» qui considère
que sa «sécurité» passe par la mise à
feu et à sang de pays qui ne lui ont
rien fait d'autre que de refuser d'obéir
à son diktat. On devrait, dans le même
élan, lui rappeler que les Grecs, aussi,
ont le droit de choisir entre la
dictature des banques et leurs propres
intérêts. Sans omettre de l'interroger
sur son copain, l'Emir du Qatar, pour
savoir si elle trouve en lui tout ce qui
correspond au profil idéal du démocrate,
et sur ses amis indéfectibles, les
sionistes. A ce propos, elle nous dira
peut-être si le peuple palestinien fait
partie des «peuples qui doivent décider
pour eux-mêmes». Si la réponse est
positive, il faudra qu'elle nous
explique pourquoi le veto des Etats-Unis
est confié à un distributeur
automatique, qui réagit au quart de tour
au mot «Israël», et pourquoi elle
considère qu'Israël est en «légitime
défense» quand il décide, comme il
l'entend, d'assassiner par centaines des
Palestiniens. Pour tout avouer, le
nombre de questions que les leçons de la
dame suscitent est si important qu'il
est impossible de les poser toutes.
Alors on ne pose que les plus
importantes. A ce titre, il y en a une
qui brûle pas mal de lèvres. Elle
concerne l'attitude à l'égard du
Venezuela dont le président a été
régulièrement élu à plusieurs reprises,
sans que personne ne trouve la moindre
faille au processus électoral. La dame,
son chef et toute sa camarilla, n'en
sont pas convaincus et crient au tyran.
Une réaction qui jette beaucoup de
confusion dans la tête de ceux qui
adhèrent au fait que «les peuples
doivent décider pour eux-mêmes»,
l'enseignement cardinal d'Hillary
Clinton. Ce qui constitue donc un
véritable casse-tête. Les Vénézuéliens
auraient-ils une autre façon de «décider
pour eux-mêmes» ? Elle ne veut pas nous
le dire. Il faut juste qu'on accepte que
Hugo Chavez est un dictateur, sans
explication, en quoi il l'est et en quoi
son peuple n'aurait pas «décidé pour
lui-même». Comme on devrait accepter que
le CNT ait été choisi par les Libyens en
lieu et place de Mouammar Kadhafi et
comme elle voudrait que l'on accepte que
le CNT syrien soit «représentatif». En
fait, elle sait tout cela, elle sait que
l'on sait que la démocratie est le
dernier de ses soucis et que les peuples
l'intéressent autant que puisse
l'intéresser un bétail qui se débande.
Elle sait que l'on sait que sa
préoccupation première est d'user en
urgence de la position de puissance,
avant que d'être débordée par une
dynamique qui n'augure rien de bon pour
son système en faillite, tant sur le
plan économique que moral. C'est en cela
que réside sa capacité à l'outrecuidance
et au cynisme.
Article publié sur
Les Débats
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