Opinion
Les Arabes en
recomposition
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 26 novembre
2012
Les Arabes
ont prouvé leur efficacité quand il
s'est agi de faire accepter aux
Palestiniens de négocier avec leurs
assassins sionistes. Le cessez-le-feu a
été placé en priorité absolue, à l'appel
des Etats-Unis. En deux coups de
cuillère à pot, l'affaire a été conclue.
Le Hamas et les groupes qui tiennent Ghaza ont été amenés à se plier à de
vagues promesses, conjoncturelles et
très hypothétiques. Le résultat a boosté
la popularité des Frères égyptiens au
sein de la «communauté internationale»
et de la machine médiatique à leur
solde. A l'inverse, en Syrie, depuis
près de deux années, des dizaines de
milliers de personnes ont été tuées et
la mort continue son œuvre au quotidien.
Les Arabes étaient là dès le départ de
feu, mais avec d'autres dispositions,
que celles qu'ils ont manifestées au
Caire. C'est contre toute idée de
cessez-le-feu ou de négociations qu'ils
se sont mobilisés et qu'ils sont
toujours sur le pied de guerre,
intransigeants. Pis, ce sont eux qui
alimentent le carnage et ne lésinent sur
aucun moyen pour entretenir
l'affrontement sanglant. Acheminement
d'armes, de mercenaires et de groupes de
desperados islamistes, sont de leur
fait. Etouffement de l'opposition
pacifiste, promotion de supplétifs
va-t-en-guerre et diabolisation du
pouvoir qui appelle au dialogue, sont
aussi leur tâche fondamentale.
L'explication de cette différence de
traitement se trouve dans le fait que
dans les deux cas les Arabes sont dans
le même camp. Pour Ghaza comme pour la
Syrie ils sont du côté des Etats-Unis et
de leurs vassaux occidentaux. Dans le
premier il fallait calmer les
Palestiniens, pour donner à Israël le
temps de se préparer contre la donne
inattendue des missiles de longue
portée, dans le deuxième cas il faut
détruire l'Etat syrien. Le jeu est des
plus clairs. Les Palestiniens
découvriront bien, après maintes autres
épreuves, que rien n'aura changé dans
les intentions d'un ennemi dont
l'essence est de détruire en eux jusqu'à
la velléité de résistance et
d'attachement à leur terre. Ce jour-là,
les Arabes auront, selon leurs calculs,
gagné un rapport de force qui les
autorisera à assumer, sans
faux-semblants, leur engagement. La
Syrie effondrée, l'Iran dévasté ou
amoindri et des Frères partout chez les
Arabes et assimilés, une configuration
stratégique favorable à toutes les
remises en cause, à commencer par le
soutien à la cause palestinienne. Le
processus dégénératif du monde dit arabe
a atteint un tel degré qu'il y a lieu de
croire à toutes les fuites et à tous les
bruits sur la reconfiguration de la
région, selon les plans impérialo-sionistes.
La Jordanie sacrifiée et servant de
refouloir aux derniers habitants de la
Cisjordanie et le Sinaï accueillant les
Ghazaouis chassés, jusqu'au dernier, de
leur territoire, pour qu'Israël
accapare, en même temps, les eaux
territoriales offrant d'immenses
réserves de gaz naturel. Une sorte de
remake des opérations de spoliations qui
ont précédé et accompagné la création de
l'entité sioniste et son implacable
expansion territoriale. Une entité qui
est le seul membre des Nations unies
dont les frontières ne sont pas connues
et qui refuse d'en avoir.
Article publié sur
Les Débats
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