Opinion
La réfugiée et les
zélateurs
Ahmed
Halfaoui
Aïcha
Kadhafi
Lundi 26
septembre 2011
Aïcha
Kadhafi est en Algérie. Tout le monde le
sait et on sait, de plus, qu’elle a
donné naissance à une petite fille. Elle
aurait pu se trouver dans n’importe quel
autre pays où elle aurait pu se rendre
en sécurité. Elle vient de s’exprimer,
comme s’y attendait tout connaisseur
ordinaire des réfugiés du colonialisme.
Eh bien, certains médias zélés, pas même
ceux des pays colonisateurs, des médias
indigènes ne s’y attendaient pas. Ils
doivent aussi et surtout être étonnés
qu’il ne se passe rien du côté de
l’OTAN, qui aurait dû s’ébrouer et faire
les gros yeux en direction d’Alger. En
apparence il n’en est rien. Aïcha, en
fait, n’a fait que ce qu’elle devait
faire, parler à son peuple. Être fille
de Kadhafi ou pas n’a rien à voir dans
le sentiment que peut avoir un être
humain à l’égard d’une injustice qui
frappe son pays et ses concitoyens. Il
en a toujours été ainsi. L’Histoire de
notre pays peut en témoigner. Ils
étaient combien d’entre nous qui, à
partir de l’étranger, ont parlé, créé
des réseaux de soutien, représenté
l’ALN/FLN. Avant cela, la France Libre
fuyant le régime de Vichy, s’est
installée à Londres pour appeler à la
résistance. Aïcha ne fait pas plus que
ce que le réflexe élémentaire, provoqué
par une occupation, commande de faire.
Nos médias, zélateurs de qui ont sait,
n’ont en cure. D’après ce qu’ils
distillent elle «embarrasserait», elle
«appelle à prendre les armes», ils font
penser les autorités algériennes ou
pensent à leur place, c’est tout comme.
Pour la prise d’armes, ils semblent
ignorer que les Libyens n’ont jamais
déposé leurs fusils. Qu’importe, quand
il s’agit de dénoncer, sans le dire
vraiment, cette présence qui les dérange
et qui vient les gêner aux entournures,
dans leur quête d’une réalité qu’ils
auraient voulu voir correspondre au
fantasme planétaire d’une «révolution»
immaculée où un peuple unanime est
secouru, à coups de bombes
«démocratiques», contre des
«pro-tyrans». Mais, la réalité n’obéit
pas aux manipulateurs qu’elle arrive,
tôt ou tard, à déborder. La preuve. La
femme fait son devoir, comme ceux qui,
malgré les Apache, F16, Tornado, ne
veulent pas que leur pays tombe sous la
botte des pillards qui convoitent son
sous-sol et travaillent à le soumettre.
La preuve. Le décorum des perrons, des
conférences «amies», des ouvertures
d’ambassades médiatisées et de
l’apothéose de la reconnaissance
onusienne, n’ont pas fait que la Libye
se soumette. La preuve, «le nouveau
pouvoir» n’arrive toujours pas à
s’installer à Tripoli, qui pourtant est
«tombé» entre ses mains. Pour ma part,
je ne sais pas ce qui adviendra de
Aïcha. Je ne sais pas ce que pensent
ceux qui l’ont accueillie, mais je crois
qu’il faudrait beaucoup de cynisme ou de
servilité pour lui dénier le droit le
plus élémentaire qu’on doit à quelqu’un
qui a la dignité de refuser la
servitude. A ce propos, imaginons
seulement qu’elle ait accepté le diktat
des maîtres du monde. Elle aurait été
portée aux nues, fait les unes des
médiamensonges, foulé les perrons
huppés, peut-être. Maintenant, si elle
fait peur c’est que tout n’est pas fini
du côté de cette «révolution» atypique.
Article publié sur
Les Débats
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