Opinion
Bain de sang : Les
Apaches s'en chargent
Ahmed
Halfaoui
L'OTAN
nettoie le terrain
Mercredi 24 août
2011
Lundi 22
août, le monde ne s'est pas réveillé
avec la gueule de bois, alors qu'il
aurait dû. Et pour cause, finalement le
bain de sang qui devait se produire à
Benghazi, provoqué par l'armée libyenne,
se produit à Tripoli provoqué par les
bombes très démocratiques de l'Alliance
atlantique. Le matin de ce seul jour, on
dénombre 1300 morts et 5000 blessés,
tombés sous les coups des hélicoptères
Apache, qui nettoient le parcours des
supplétifs vers la «victoire»
contre des cadavres. La presse très
démocratique, fidèle à sa mission, titre
triomphalement, «le régime de Kadhafi
s'effondre» ou encore «les heures de
Kadhafi sont comptés». Une façon de dire
une vérité qui évite de dire la réalité.
Cette réalité têtue qui veut qu'un
peuple est massacré parce qu'il se bat
et qu'il refuse d'accepter l'ignominie
de l'occupation. Cette réalité que
retiendra l'Histoire, que fabriquent des
hommes et des femmes qui ont conservé
leur dignité et qu'ils défendent au prix
de leur vie, contre la plus puissante
organisation criminelle que le monde ait
connue. Oui ! Il s'agit bien d'un crime
et la naïveté la plus profonde a fini
par fondre devant les faits. Le
colonialisme a beau mettre en avant ses
marionnettes, déguisées en «rebelles»,
elles ne cacheront pas ses bottes qui
écrasent un pays pour le soumettre. Il a
beau saboter la seule télévision qui dit
autre chose que le discours de
l'oppression, il a beau couper toute
communication sur les assassinats de
masse, il ne fera pas qu'ils n'existent
pas. Inutile d'invoquer le droit à
l'information, il n'est pas valable en
tout temps et tout lieu. Quand les
maîtres du monde en parlent, ce n'est
pas pour les beaux yeux des infra
humains, quel que soit le continent où
ils se trouvent. On a pu voir comment
l'un des chefs de guerre qui sévit en
Libye a traité, dans son pays, les
informations sur la révolte populaire.
Plus de journalistes, rien que des
Ouvriers spécialisés qui produisent une
information industrialisée, selon les
critères définis par les spécialistes du
marketing. Les clients n'étant plus les
téléspectateurs, les auditeurs ou les
lecteurs, mais les dieux du marché. Tant
pis pour ceux qui s'échinent à chercher
ce qu'il y a derrière le miroir. Ces
artisans qui croient que leur échoppe
peut résister à l'usine. De toute façon,
ils ne seront pas assez nombreux pour
faire la différence. Au besoin, ils
seront muselés, comme il se fait sur
Internet où des blogs réfractaires à la
doxa dominante sont bloqués, mis en
difficulté ou supprimés, sous un
prétexte ou sous un autre. Comme s'ils
pouvaient par leurs seuls écrits arrêter
les tirs meurtriers, qui ne cesseront ni
avec le départ de Kadhafi, ni avec
l'usurpation de la souveraineté des
Libyens. Car la Libye a été plongée dans
la spirale bien connue de cette violence
où l'oppression, imbue du droit de
la force, ne comprend pas que les
opprimés ne céderont jamais leurs droits
à la force. On apprécie déjà les
premiers résultats de la supposée
«protection des civils», on les
appréciera plus longuement, durant tout
le temps où les Libyens se dresseront
contre le déni qui les frappe. Sans le
préjudice du chaos possible, dont les
démocratisations passées ont le secret
et le label.
Article publié sur
Les Débats
Copyright © 2001-2011- MAHMOUDI INFO
Sarl - Tous droits réservés.
Reçu de l'auteur pour publication
Les analyses d'Ahmed Halfaoui
Le dossier
Libye
Les dernières mises à jour
|