Opinion
Le MEPI nous forme
nos « démocrates »
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 23 octobre 2013
Ils sont combien ces jeunes algériens
qui ont bénéficié de la mansuétude du
gouvernement étatsunien ? Ils sont où ?
Que font-t-ils de bon avec la formation
qu’ils ont reçue à la Maxwell School à
New York, ou ailleurs ? Autant de
questions sans réponses, sauf peut-être
une fois, lors de la visite « de
travail » de Hillary Clinton, à Alger en
février 2012. La dame nous en avait
présentés quelques-uns en tant que
« chefs de file de la société civile
algérienne ». A ce moment là, les
« démocrates » attitrés et la « société
civile » habituée à être reconnue et
chouchoutée, n’ont pas apprécié, pris de
court par ce qu’ils ont considéré comme
un camouflet. A ce moment là, le
« printemps » atlantiste avait déjà fait
son œuvre en Libye et s’était tourné
vers la Syrie. L’Algérie, elle,
continuait d’interloquer les analystes.
La Clinton avait donc un peu plus
refroidi l’ardeur « printanière » en
sortant de sa manche de parfaits
inconnus que personne n’avait vus, ni
dans la rue, ni sur un plateau télévisé.
Mais, depuis, plus rien sauf des
communiqués épisodiques du Middle East
Partnership Initiative (MEPI-l'Initiative
de Partenariat avec le Moyen-Orient) qui
organise et finance des sessions de
formation, intitulées « Leaders for
Democracy Fellowship ». La prochaine se
déroulera du 22 Mars au 21 Juin 2014.
L’appel à candidature est public. Les
conditions offertes sont séduisantes.
Durant trois mois, au moins, les heureux
élus seront traités comme coqs en pâte.
Ils seront transportés, logés, nourris,
assurés tous risques et dotés d’argent
de poche. Tout cela parce que les
Etats-Unis veulent « aider » l’Algérie à
instaurer la « démocratie ». Pourquoi
ils veulent le faire ? Pur messianisme
si l’on en croit leurs professions de
foi. Même s’il leur arrive d’user
d’autres moyens pour la chose. Comme ils
le font en Afghanistan, comme ils l’ont
fait en Libye et en Irak. Comme ils ont
voulu le faire, en vain, en Syrie. Pour
le moment, du moins, on n’en est pas là.
Nos jeunes vont apprendre ce que c’est
que le « leadership », la
« démocratie », la « transition
démocratique », la « gestion du
changement » et autres spécialités du
même goût, dans un cycle alterné entre
théorie et stages « professionnels ».
Pour y accéder, le sésame sera qu’ils
auront répondu à un test fait de
questions en relation directe avec les
objectifs affichés du MEPI. Il y en a
trois de questions, « comment une
équipe MEPI pour la démocratie
Fellowship vous permet de mieux mener
votre communauté ou votre pays vers plus
de démocratie et de participation
citoyenne dans les institutions et les
activités du gouvernement ? », « plus
précisément, qu'est-ce que vous espérez
gagner de ce projet et quels sont vos
plans pour appliquer l'expérience qu'il
propose ? » et « quels
changements espérez-vous apporter dans
votre pays au cours des 10 prochaines
années ? » Elles ne sont pas
anodines les questions. Le MEPI, forme
voulue soft de remodelage de la région
en un seul et même continuum, où règne
« la libre-entreprise », et débarrassé
de tout danger qui « menacerait » les
intérêts et la sécurité des Etats-Unis,
s’inscrit ouvertement dans la doctrine
bushiste de Grand Moyen-Orient.
Article publié sur
Les Débats
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