Opinion
Les démocraties et
la crise
Ahmed Halfaoui
Mardi 23 août 2011
Pendant que
l'OTAN travaille à ouvrir des
perspectives au marché en Libye, les régimes en place dans les bastions du
capitalisme, travaillent à trouver les
moyens de faire payer leurs peuples et à
se confronter avec la colère qui ne
manquera pas de se déverser. Partout,
dans les grandes «démocraties» se
fourbissent les armes, à l'écart d'un
débat public pourtant nécessaire, car il
engage le destin des nations. Surtout
celui des travailleurs et des pauvres,
celui de ceux qui ne possèdent que leurs
salaires. Des lois sont votées qui
renforcent les mesures requises par le
niveau des affrontements qui
s'annoncent. Certains pays parrains de
la démocratie mondialisée autorisent
désormais de tirer sur leurs
manifestants à balles réelles, le cas
échéant. Un recul rarement enregistré
dans les libertés chèrement acquises
depuis des décennies. En attendant ce
jour, cette rentrée peut-être, on
prépare aussi une législation
inaccessible à la négociation, mieux,
une obligation. Comme cette «règle d'or»
qui fera partie des clauses
constitutionnelles, de façon à la
protéger des remises en cause et à lui
donner la force fondamentale. C'est ce
qui risque de se produire en France où
cet expédient est sur la table de la
classe politique. Sa
constitutionnalisation aura besoin d'un
quota de voix à l'Assemblée nationale et
au Sénat. Pour l'instant, en vue des
élections présidentielles, ce qui fait
office d'opposition de gauche patentée,
le parti dit socialiste, fait la fine
bouche. Pendant qu'il est difficile de
recouper toutes les positions de leaders
qui jouent, désormais, plus leur
carrière personnelle que les idées
qu'ils sont censés représenter. Nous en
avons eu l'avant-goût, avec
l'empressement qu'ont eu certains
d'entre eux à participer pleinement au
gouvernement de droite. Du jamais vu.
Concernant la «règle d'or», c'est-à-dire
une liste de coups de bélier
dévastateurs contre le niveau et le mode
de vie de dizaines de millions de gens,
il y en a qui veulent juste changer de
dénomination ou user d'euphémismes, pour
ne pas paraître faire allégeance au
pouvoir en place, à quelques coudées du
scrutin présidentiel de 2012. Même, s'il
y en a une, l'ex-sparring-partner de
Sarkozy, qui veut discuter. Et la
démocratie dans tout cela? Une
Constitution c'est quand même la
propriété de quelques-uns. Surtout que
cela concerne des donneurs de leçons.
Cette leçon est apprise et bien
assimilée. Rien de ce qui concerne
le peuple ne doit se faire sans
l'assentiment du peuple. Le principe a
plus ou moins été acquis depuis plus de
deux siècles. Depuis qu'on a compris
qu'il était dangereux de laisser décider
une minorité. Mais peut-être qu'à
quelque chose malheur est bon. Peut-être
que le moment est venu pour que l'on
puisse juger en toute clarté de la
démocratie connue, sous toutes ses
coutures. Celle qui va, contre la
volonté populaire, asseoir la volonté
des riches de ne pas contribuer à
résorber les déficits qui vont miner la
société. Bien sûr, ce n'est pas dit
comme ça. C'est dit en plus savant et
moins brutal. Il s'agirait d'encadrer
«la trajectoire budgétaire», concernant
le budget de l'Etat et de la sécurité
sociale, en fixant «des planchers de
recettes et des plafonds de dépenses».
Si cela est contesté, force devra rester
à la loi. Elle est belle la démocratie !
Article publié sur
Les Débats
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