Opinion
Avec Mokri, les
Frères semblent prendre de l'avance
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 23 mai 2013
Cela c'est
finalement confirmé, les Frères du HMS
ont bien quitté Abdelaziz Bouteflika et
son Alliance présidentielle à cause du
«printemps» des Arabes et assimilés,
dont ils entendaient les appels. Leur
nouveau chef, Abderrezak Mokri, vient de
nous en informer en disant que ce
n'était pas lui (parce que réputé
radical) qui a «gagné cette bataille»,
mais que «ce sont les événements dans la
région qui ont imposé (le) retrait d'un
partenariat politique qui n'avait plus
de sens». Entendre par là qu'il n'était
plus question de jouer aux seconds
couteaux, puisqu'une vague irrépressible
portait la Confrérie, là où elle se
trouve, au sommet du pouvoir. Tant qu'à
faire, il fallait en profiter, la chose
étant tellement évidente. L'Algérie ne
devant pas y échapper, les Frères ont
changé casaque et pris leurs marques. Le
résultat nous le connaissons. Ce sera
plutôt la débandade qui a été au
rendez-vous. Aujourd'hui, M. Mokri s'est
engagé à reconstruire la maison et de
ramener les transfuges au bercail. Ceci
étant, il faut lui reconnaître que son
discours est d'une rare cohérence, par
rapport à l'indigence régnante.
Construit et posé, il se situe à des
lieux des effets de style et des
gesticulations qui caractérisent les
prestations politiques les plus en vue,
qui font les unes des médias et parfois
l'«événement». En fait, c'est parce
qu'il est conscient des dégâts
occasionnés qu'il s'est mis à l'heure
des réalités. Il veut «crédibiliser la
classe politique» et la construction
d'un «contre-pouvoir». En réaction
évidente à l'affligeant spectacle offert
par des acteurs cacophoniques, qui
croient que la politique se suffit des
insultes, des invectives, des
dénonciations, de l'opposition pour
l'opposition. A l'image de l'agitation,
qu'ont suscitée la maladie et l'absence
de Bouteflika, où rien de ce qui a été
dit ne dénotait de la simple rhétorique
de circonstance ou de l'opportunisme le
plus plat. Sur l'air «anti-quatrième
mandat» ambiant, comme credo de
«changement» surfant sur une
communication officielle plus que
défaillante, peu nombreux furent ceux
qui ont été mesurés, qui n'y ont pas vu
une occasion de brandir leurs étendards,
qui n'ont pas été convaincus qu'il leur
fallait occuper la place. M. Mokri
apporte donc quelque chose de nouveau :
la notion de «contre-pouvoir», qui
devrait avoir un contenu alternatif,
lisible et identifiable, à la place de
slogans clinquants qui ne convainquent
plus personne que leurs auteurs. Pendant
ce temps, les «rounds» de l'Algérie avec
l'Organisation mondiale du commerce
(OMC) se multiplient et se met en place
un mode de gouvernance économique qui se
fiche de qui peut bien prendre, demain,
le pouvoir. Sans que cela fasse bouger
qui que ce soit parmi les «antis», qui
n'envisagent sûrement de faire autre
chose que du Bouteflika, pour peu qu'il
renonce à rempiler, leur laisse la
place, à nous ne savons qui, car il
n'est question que de la personne, pas
de son programme. A ce jeu là, les
Frères sous la houlette de leur nouveau
chef risquent d'avoir plusieurs
longueurs d'avance sur des «démocrates»
emberlificotés dans leurs fantasmes.
Article publié sur
Les Débats
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