Opinion
Ouattara au pied
de Drogba
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 23 janvier
2012
La
cosmétique est en route en Côte
d'Ivoire, pour donner au pouvoir
d'Alassane Ouattara un visage qui fera
oublier les conditions de son
intronisation. Guillaume Soro, le chef
des Forces Nouvelles, ces milices qui
ont commis pas mal de crimes, va quitter
la vitrine pour l'arrière-cour en avril
prochain. Très peu présentable, devenu
inutile, il doit se trouver une issue
honorable. Aux dernières nouvelles, il
va tenter de faire fructifier son mandat
de député de Ferkessédougou, en briguant
le poste de président de l'Assemblée
nationale. Tant pis si, pour ce faire,
il doit affronter Tiémoko Yadé, l'homme
de confiance de Ouattara, déjà assuré de
cette présidence. Le gouvernement, lui,
va comporter des technocrates et des
personnalités qui n'ont pas figuré dans
le scénario de démocratisation du pays,
de façon à ce que peu de choses
rappellent l'infamie. Ainsi, Hillary
Clinton peut être satisfaite, ses
«conseils» sont appliqués à la lettre.
Sur le terrain, les milices ne tirent
plus sur les gens qui ne sont pas
d'accord avec leur chef, elles ont aussi
un nouveau visage dont la violence est
moins meurtrière. Désormais, c'est à
coups de pierres que les adversaires
sont attaqués. C'est ce qui arrive à
chaque fois que des militants du Front
Populaire Ivoirien (FPI), les
«pro-Gbagbo» comme les désignent les
médias dominants, organisent un
rassemblement. C'est ce qui est arrivé,
par exemple, le 21 janvier dernier à
Abidjan, où un meeting du FPI a été
lapidé et la police n'est intervenue que
lorsque les «pro-Gbagbo» se sont mis à
se défendre. Pourtant, un important
dispositif de police et de gendarmerie,
appuyé par l’Opération des Nations unies
en Côte d’Ivoire (Onuci), était déployé
sur les lieux (une grande place du
quartier de Yopougon). Malgré cela, il
paraît que la Côte d'Ivoire est bien sur
la voie de la «réconciliation» et de
l'intégration de toutes les parties, y
compris adverses au régime. Sur
«conseil» toujours de Mme Clinton. Une
«réconciliation» que devrait faciliter
ou carrément provoquer, selon certains,
une victoire des «Eléphants» en coupe
d'Afrique des nations. A commencer par
Tiken Jah Fakoly, le chanteur ivoirien
de reggae, qui pousse plus loin son
espoir. Il ne pense pas moins que «la
CAN 2012 sauvera la Côte d'Ivoire». Déjà
sous le stress de la compétition
ordinaire, les joueurs se trouvent
investis du devenir d'une nation et d'un
peuple. On peut imaginer la situation où
on les a mis, surtout que les rouages de
l'équipe ne semblent pas être au point.
Toujours est-il que s'ils gagnent ils
figureront peut-être sur les livres
d'histoire de leur pays, au-dessus de
Ouattara. Peut-être, si on suit les
prévisionnistes d'occasion.
Comparativement, une autre équipe, d'un
autre pays, avec infiniment moins de
capacité, ne cherche qu'à «faire
honneur». Il s'agit de la formation
libyenne, qui joue pour la première fois
sous le drapeau d'un pouvoir dont
personne ne veut plus. Qu'il s'agisse
des inénarrables «révolutionnaires»,
comme de la population. Même à Benghazi,
le fief de la «révolution», on a vu les
manifestants investir, samedi dernier,
le siège du CNT pour lui réclamer des
comptes. Les joueurs libyens peuvent
être tranquilles, ils seront très peu
nombreux à s'intéresser à leur
prestation.
Article publié sur
Les Débats
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