Opinion
Le ministre
britannique pense
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 22 octobre
2011
En Tunisie,
les Etats-Unis «souhaitent» que les
élections produisent un gouvernement
«ouvert aux partis religieux». En Libye
ils «souhaitent» voir Mouammar Kadhafi
neutralisé «mort ou vif». En Algérie, un
de leurs satellites (le ministre
britannique des Affaires étrangères)
«pense» que «l'Algérie doit coopérer
avec les autorités libyennes si
celles-ci effectuaient toute demande
concernant les personnes qui sont venues
dans ce pays». En retour, l’on
n'entend personne «souhaiter» ou
«penser» quoi que ce soit des Etats-Unis
ou de leurs vassaux. Pourtant, il y a de
quoi faire. A commencer par «souhaiter»
et «penser» qu'ils devraient s'occuper
de leurs propres affaires qui, au
demeurant, ne sont pas pour être
exemplaires. Au lieu de se mêler de ce
qui ne devrait pas les regarder, ils
devraient s'occuper de leurs millions de
chômeurs et de sans-logis. Surtout que
là où ils ont mis les pieds c'est pour
massacrer des dizaines de milliers de
gens, qui ne leur ont rien fait ou
demandé. Pour revenir au Britannique,
c'est la présence d'Aïcha Kadhafi qui le
préoccupe. Elle doit certainement lui
faire peur, au point qu'il veuille
qu'elle soit livrée à une bande
d'hurluberlus que les Libyens ont vu
débarquer derrière les tapis de bombes,
généreusement déroulés par les
bombardiers de l'OTAN. Pour un partisan
de la «légalité» internationale et des
«droits de l'homme», c'est
particulièrement déplacé. Quelqu'un doit
le lui dire et lui rappeler qu'il doit
avoir un minimum de décence. De plus, il
dit qu'il agit pour le compte de la Cour
pour Indigènes (CPI). Pour ça on ne sait
pas s'il dispose de mandats d'arrêt et
s'il est un préposé attitré de cette
Cour, mais on est sûr qu'il ne se
préoccupe de rien en matière de droit.
Aïcha n'est ni recherchée ni condamnée
par qui que ce soit. Donc, on peut
supposer que le ministre agit comme il
doit le faire. Le droit étant représenté
par ceux qu'il représente. Et les
jurisprudences sont devenues si
nombreuses qu'il n'y a plus besoin de se
contorsionner pour en trouver. Pour
autant qu'on veuille vraiment y chercher
une référence, un précédent ou un
argument. D'ailleurs son homologue,
notre ministre des AE, n'a pas relevé
l'insolence et ne l'a pas envoyé paître,
comme il aurait dû le faire pour
atteinte à la souveraineté nationale.
L'Algérie aurait obtenu un quitus du
chef du comité indigène placé à la tête
de la Libye. Un comité qui ne contrôle
même pas les ruines d'un pays «libéré»
et qui annonce un chaos encore plus
dévastateur qu'a instauré l'opération
«protecteur unifié». En fait de chaos
c'est la peur du face-à-face avec la
résistance populaire, sans les avions de
l'OTAN qui font le vide. Aïcha Kadhafi,
puisqu'elle fait peur, doit être
neutralisée dans l'espoir de se protéger
d'un symbole qui pourrait faire mal. Le
«chaos» invoqué va justifier,
certainement, un déploiement terrestre
qu'autorisera une autre résolution
onusienne, qui est peut-être déjà prête.
Protéger la production et l'acheminement
du pétrole et laisser les Libyens
s'écharper le plus longtemps possible,
autant que sera nécessaire le pillage.
Article publié sur
Les Débats
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