Opinion
La médiation de
Lakhdar Brahimi
Ahmed
Halfaoui
Lakhdar
Brahimi
Mercredi 22 août
2012
Après avoir
usé, jusqu'à l'épuisement, Kofi Annan
dans leur entreprise de destruction de
la Syrie, les Etats-Unis ont été
d'accord pour que soit désigné, comme
remplaçant, Lakhdar Brahimi en tant que
médiateur international sur le dossier,
dont il dit qu'il est «prématuré de dire
quoi que ce soit sur (son) contenu».
Faisons semblant de prendre au sérieux
cette mascarade et de croire, comme pour
Annan, que Brahimi peut aboutir à une
solution qui sortirait la Syrie de la
tragédie où elle se trouve plongée.
Commençons, selon ce principe, par
considérer qu'il est tout à fait normal
que Brahimi, qui n'en «sait pas assez
sur ce qui se passe en Syrie», débute sa
médiation par une rencontre avec le
président français, François Hollande,
suivie d'une autre avec son ministre des
Affaires étrangères, Laurent Fabius, et
ne nous posons donc pas de question sur
ce que viendrait faire la France dans
les affaires intérieures de la Syrie.
Les deux, c'est dans l'ordre des choses
qu'ils disent la même chose, veulent
abattre Bachar Al Assad. Hollande l'a
dit à Brahimi : «Il ne peut y avoir de
solution politique sans le départ de
Bachar Al Assad.» Comme le médiateur
nous a dit que la France est «un pays
important dans tout ce qui se passe
autour de la Syrie», considérons qu'il
doit avoir d'importantes raisons de le
penser, dont le rêve de reconquête d'un
espace perdu. Par la suite, il va voir
d'autres dirigeants de pays plus ou
moins importants, y compris,
certainement, les vraiment importants.
Les Etats-Unis vont répéter qu'il faut
faire partir Bachar Al Assad, et la
Russie et la Chine vont dire que c'est
aux Syriens de décider ce qui est bon
pour eux et que les Etats-Unis et leurs
satellites n'ont qu'à se mêler de ce qui
les regarde. Inutile, bien sûr, de
croire que les Syriens vont obéir aux
décisions de Hollande, de Cameron ou d’Obama.
Et la boucle sera bouclée pour ce qui
est des parties identifiables. Sur le
terrain, la médiation, si elle s'y
aventure, aura fort à faire pour s'y
retrouver entre la foultitude de bandes
armées, qui font office de «peuple
syrien» ou de «révolutionnaires». Il
faudra, par exemple, s'entretenir avec
le chef des opérations de Liwa Attawhid,
Abdel Kader Al Saleh, qui répétera que
son «commandement est indépendant» et
que ses compagnons ont «décidé de
s'engager dans la bataille d'Alep, sans
consulter le conseil militaire (de ce
qu'on appelle l'ASL à Alep)». Au cas où
Brahimi penserait à une quelconque
coordination des «rebelles» qui
faciliterait le dialogue, le même posera
cette question : «Pourquoi nous
consulter ? Nous avons le plus grand
nombre de combattants à Alep et ses
environs.» Il risque aussi de l'envoyer
paître en lui rappelant qu'il se fiche
de «ceux qui sont assis derrière leurs
bureaux». Le médiateur «de l'ONU et de
la Ligue arabe» devra, aussi, avoir
affaire avec les Frères musulmans, Al
Qaïda, le Qatar, l'Arabie Saoudite, la
Turquie… et tous ceux qui arment et qui
financent «l'opposition». Dure gageure
pour un vieil homme qui va s'échiner à
faire semblant de servir à quelque
chose, en souhaitant, peut-être, que les
Etats-Unis vont avoir peur d'aller trop
loin dans la confrontation avec Moscou
et Pékin où que l'armée syrienne et les
Syriens vont leur forcer la main en
réussissant à neutraliser ce qui reste
des bandes armées à Alep et dans
certaines localités.
Article publié sur
Les Débats
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