Syrie
L'avenir onusien
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 22 juillet
2012
Il n'y
avait pas grand monde quand il fallait
détruire l'Irak. Ils ont été un peu plus
d'une trentaine pour se faire les «amis
du peuple libyen». Pour la Syrie, ils
sont une centaine de pays à jouer la
symphonie de l'«amitié». Tel que l'on
peut le constater, leur nombre augmente
à chaque fois qu'il faut régler les
comptes d'un Etat qui ne plaît pas aux
Etats-Unis. Ce processus est né de
l'agacement de ceux-ci à devoir passer
par de sempiternels débats, par de
lourdes procédures de la légalité
internationale et par des votes qui ont
commencé à ne plus aller dans le sens
souhaité. L'Organisation des nations
unies a cessé d'être un cadre viable
pour les ambitions impériales, surtout
par ces temps d'extrême urgence de se
constituer un espace vital et de
refouler des prétendants aux dents
longues. La solution a alors été trouvée
de construire une autre organisation des
nations. Celle-ci aura l'avantage de
réunir des nations qui n'ont pas d'autre
rôle que celui d'obéir au doigt et à
l'œil au maître des lieux. Une
convocation plus tard, une journée
suffit désormais à la production des
décisions. Plus de Charte, plus
d'Assemblée générale, plus de Conseil de
sécurité, un seul chef et des troupes
qui approuvent au pied-levé l'ordre du
jour. L'embryon est en place et donne
l'air de se développer. Pour se faire
les dents, et parce qu'il y a encore du
chemin à parcourir pour consolider les
choses, les «amis des peuples» se
contentent d'exiger de l'ONU telle ou
telle résolution. L'attitude travaille à
inscrire dans les mœurs l'abandon des
concertations et des échanges de
positions. On «exige» que cela soit
selon un seul point de vue, celui des
Etats-Unis, forts désormais de la
dynamique d'adhésion et de soumission à
leur dictature. On «exige» de l'ONU de
façon à exprimer le divorce avec son
mode de fonctionnement. Le moment venu,
où il ne sera plus nécessaire de
solliciter cette organisation, l'œuvre,
de fragilisation et de discréditation
des règles internationales,
officiellement en vigueur sera
accomplie. L'heure des rapports de force
nus pourra sonner. C'est ce
qu'escomptent les Etats-Unis qui n'ont
jamais, vraiment, souscrit au respect
d'un minimum de légalité dans leur
volonté d'hégémonie. Mais, il leur faut
mettre de leur côté le plus grand nombre
de vassaux pour se donner les moyens de
contenir le plus possible la Russie et
la Chine. Dans la conjoncture actuelle,
cet objectif est loin de se réaliser
selon les vœux de ses promoteurs. C'est
pourquoi l'os syrien a obligé à une
escalade dans la confrontation et à un
accroissement de la tension
internationale.
Porte-parole zélé de Hillary Clinton,
François Hollande peut s'adresser «à
ceux qui ne sont pas là», à savoir
Vladimir Poutine, le Russe, et Hu Jintao,
le Chinois, pour proférer une menace.
«Au moment où nous en sommes de la crise
syrienne, il n'est plus contestable que
cette crise est devenue une menace pour
la paix et la sécurité internationale»,
dit-il. Sachant qui sont ceux qui
portent atteinte à la paix, qui
déstabilisent ce pays et qui rêvent de
lui faire le sort de la Libye, il est
simple de comprendre que le message veut
signifier un agacement et une fermeté
destinés à afficher une détermination à
ne pas céder. Franchit-on un pas
supplémentaire dans la mise de l'ONU au
placard.
Article publié sur
Les Débats
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