Opinion
Les droits de
l'homme selon le libéralisme
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 22 mars 2012
Pour appeler l'OTAN à bombarder la
Libye, il y avait 70 ONG. Pour appeler
au secours des populations menacées par
la famine au Tchad, elles ne sont que
deux. Les premières sont occupées sur un
autre chantier, en Syrie, où leur nombre
a presque triplé. Elles sont 200 à faire
la commande de bombardiers. Les droits
de l'homme au Tchad n'intéressent,
apparemment, pas. Tout autant qu'en
Somalie. Pourtant les 70 associations,
qui ont réussi le pari de faire de la
Libye un champ de ruines et
d'incertitudes, sont directement
responsables de ce qui se passe. Les
deux ONG qui ont lancé l'alerte, Action
contre la Faim et Première urgence-aide
médicale, annonce une grave crise
alimentaire qui se prépare au Sahel, et
qui touche déjà le Tchad. La
responsabilité des " protecteurs de
civils " réside dans les conséquences de
la " révolution " atlantiste sur les
travailleurs sub-sahariens, qui ont tous
perdus leurs emplois et les revenus qui
vont avec. Quand ils n'ont pas perdu la
vie sous les machettes des "
révolutionnaires ", ces civils que la
résolution 1973 de l'ONU protégeait.
" La région du Kanem, à l'ouest du
Tchad, a basculé en phase d'urgence "
nous dit Action contre la Faim. En
février, on enregistre le triple
d'enfants souffrant de malnutrition, par
rapport à l'année dernière à la même
période. Dans le canton de Kado, la
moitié des habitants n'a plus de stock
de nourriture. Et ce nombre est en
augmentation. Beaucoup d'enfants
acheminés vers les centres de soins
décèdent en chemin. Et les ONG engagées
dans le " printemps " ne les voient pas.
Elles, qui pourraient, peut-être,
obtenir des pétromonarques arabes
d'allonger le budget d'armement des "
résistants " syriens d'une rubrique
consacrée à compenser l'annulation de
l'importante source de vie que
constituait la Libye, aujourd'hui "
libérée ". D'un autre côté, ceux qui
subventionnent les droitsdelhommistes
pourraient, dans l'urgence, verser les
sommes prévues aux populations en danger
de mort, en les considérant en tant que
victimes collatérales de l'opération "
protecteur unifié ". Ce sera une façon
de se donner une bonne image, de prouver
leur bonne foi et de démontrer qu'ils
sont, véritablement, des défenseurs de
l'Humanité souffrante. Les familles
témoignent ainsi : " Tous les quatre ou
cinq mois, nos maris nous envoyaient
l'équivalent de près de 400 euros.
Maintenant nous ne disposons plus de ces
sommes et il y a des personnes en plus à
nourrir ", depuis que le CNT et les
bandes armées gouvernent la Libye. Plus
haut dans la hiérarchie, Barak Obama et
son égérie Hillary Clinton qui
s'inquiètent gravement de la démocratie
dans la région et des droits humains,
auraient une occasion en or de se battre
contre un ennemi, tout aussi, sinon
plus, nocif que les " régimes
autoritaires " et qui tue plus sûrement,
la faim. Mais ils ne bougent pas. La
raison en est que la faim est une
catégorie économique et, en tant que
telle, la religion néolibérale la classe
parmi les effets de l'incapacité de
survivre aux lois du marché. Il serait
donc malvenu de venir interférer dans un
processus, au risque de perturber son
cours, où les faibles sont plutôt
coupables que victimes.
Article publié sur
Les Débats
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