Opinion
Les Algériens ne
risquent pas de râler
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Vendredi 21 décembre
2012 Cela va être un partenariat "d'égal à
égal" et "gagnant-gagnant" nous a dit
François Hollande, ce président à
l'allure distinguée et de fils de bonne
famille, très éloigné de l'image
exécrable que donnait son prédécesseur.
Il n'y en a pas beaucoup qui ont dû le
croire, mais il s'en trouvera toujours
qui s'en tiennent aux mots, surtout
quand ils sont accompagnés des plus
beaux sourires et qu'ils sont dits avec
des accents de sincérité, dans une
ambiance euphorique, faite de bruits et
de couleurs. Eh bien, pour ce qui ne le
savent pas encore ou qui n'en ont pas
entendu parler, il faut commencer par
les informer qu'en France il y a une
sérieuse mobilisation contre le gaz de
schiste, au point que le président de la
république a interdit aux compagnies
pétrolières l'exploitation de ce type
d'énergie, sauf si elles produisent un
jour des moyens et des méthodes qui ne
portent pas de préjudice au pays et aux
populations. Qu'à cela ne tienne ce sera
ailleurs que ces compagnies feront leur
business et, particulièrement, en
Algérie, puisqu'elle s'y prête. Parce
que selon un observateur de la scène :
"les Algériens, eux, ne risquent pas de
râler". Et pour cause, ils ne sont pas
au courant et leurs élus, les partis
politiques, leurs ONG par-dessus tout,
ne parlent pas de ce sujet. Considérant
certainement que le peuple n'a pas
besoin de savoir et que les territoires,
les ressources en eau, l'environnement,
ne constituent pas des sujets de
préoccupations majeures ou politiquement
porteurs. Au point où il y a lieu de
penser, sauf preuve du contraire, que le
lobbying a fait son travail, car c'est
bien le diable que certaines
associations auraient raté une si belle
occasion de se faire mousser par la
presse. L'affaire était déjà en route
depuis quelques mois. Le gouvernement a
modifié la loi avec l'assentiment de
l'APN pour que l'Algérie, c'est le cas
de le dire, puisse offrir les facilités
proscrites ailleurs. Alors même que
Abdelmadjid Sellal, il y a tout juste un
mois, affirmait ceci : "On ne va pas le
pomper aujourd’hui [le gaz de schiste]
mais à échéance très lointaine allant à
l’horizon 2040", son homologue français
Laurent Fabius vient de déclarer tout
juste le contraire il y a deux jours.
Pour faire passer la chose, il n'y a pas
eu besoin de sortir le grand jeu, des
grands arguments ou des preuves sur
l'innocuité des procédés nécessités par
l'extraction du gaz de schiste. Il
suffisait de signaler que cela demandait
"des moyens humains et techniques
conséquents" donc un "développement de
partenariats", de faire un exposé sur
les mesures à prendre afin d'éviter les
effets des opérations de prospection, de
"souligner" l'importance stratégique de
l'exploitation des sources d'énergie non
conventionnelles et de finir par
indiquer que les endroits qui vont être
dévastés sont inhabités. Total, par
exemple, pourra, si elle est sur le
coup, venir faire ce qui lui est
interdit de faire dans son pays. Ceci
grâce à l'"un accord permettant des
recherches françaises sur le territoire
algérien dans le domaine de
l'exploitation des gaz de schiste".
Article publié sur
Les Débats
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