Opinion
L'illusion au bout
de son parcours
Ahmed Halfaoui
Dimanche 21 août 2011
Après avoir
brisé un tabou, après avoir élu, à la
tête de l'Etat, un homme qui n'est pas
un WASP, ni un visage pâle, mais un
Africain, de surcroît noir pour comble
avec un nom arabo-musulman, les
Etats-Unis peuvent passer à autre chose.
Eux n'ont fait que l'élire avec leur
système de primaires, de grands
électeurs et tutti quanti. Lui, a
fait mieux que tous les autres. Dès son
élection, Barak Obama, est allé prêter
allégeance à l'American Israel Public
Affairs Committee (AIPAC), pour
remercier ce lobby d'avoir cru Hillary
Clinton, quand celle-ci a assuré qu'il
était un fidèle et indéfectible soutien
de l'Etat sioniste. En bas de l'Olympe,
les Etatsuniens qui sont allés en masse
voter pour ceux qui sont allés voter
pour lui, n'ont pas dû trop comprendre
ce que cela pouvait bien signifier. Ou
bien n'ont-ils pas du tout remarqué le
cirque. Ensuite, notre Potus, frais
émoulu des rouages du système hermétique
et bicéphale qui gouverne le pays depuis
son indépendance, a immédiatement été
bombardé prix Nobel de la paix. Très peu
ont seulement relevé le fait et encore
moins se sont interrogés sur son
palmarès dans le domaine. Toujours
est-il que partout en Afrique et chez
les Arabes et les musulmans, ce furent
le début d'une grande attente et la
montée d'immenses espoirs. L'Amérique,
telle qu'on appelle les Etats-Unis,
comme si les autres pays de ce double
continent n'existaient pas, allait
changer. Il y aurait plus de justice
dans le monde, puisque la principale
source du mal qui gangrène la planète
sera dirigée par un «frère», un
«musulman», en principe sensible aux
saloperies qui sont faites aux peuples
les plus faibles. Au peuple palestinien
par exemple. Comme quoi l'Humanité est
d'une touchante naïveté. Lui, sachant
cela, a donc décidé de parler aux Arabes
et aux musulmans. Rien qu'à eux et pas à
d'autres. On pensait que cela allait
faire date. Qu'enfin, un air moins vicié
allait envahir le monde. Le souffle
suspendu, ils étaient nombreux à
attendre ce fameux discours du Caire. Il
a parlé longuement. Mais personne ne se
rappelle ce qu'il a dû dire, puisqu'il
n'a rien dit qui réponde à ce que les
gens se posaient comme questions. Et
puis on a commencé à se rendre compte
que rien ne le différenciait de celui
qu'il a remplacé, ni en Palestine, ni en
Irak, ni en Afghanistan. Ni en Afrique
où il a déclaré une guerre, sur le même
registre que l'agression contre l'Irak.
Diabolisation, manipulation des faits,
démocratisation et tout le rituel
nécessaire à l'enrobage du massacre d'un
peuple désarmé. Sans parler du soutien à
des «révolutionnaires» dont les victimes
les plus nombreuses sont ces Noirs
fuyant la misère en Libye. Ce fait n'a
pas peu contribué à la baisse drastique
de la popularité de celui qui
représenta, le temps d'une illusion, la
revanche des opprimés. Sa cote vient de
s'effondrer, selon un sondage Gallup
publié le 14 août, à 39 %. La leçon a
été apprise. Apparemment. A l'évidence,
Ni la couleur de la peau, ni les
origines, ni la culture, ne sont
déterminantes. Mais l'opinion est ainsi
orientée qui ne voit pas les tireurs de
ficelles des hauts de leurs
coffres-forts.
Article publié sur
Les Débats
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