Opinion
Que brûle la
république si je suis SDF
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Vendredi 21 juin
2013
Un militant de
toujours, du mouvement national, à la
guerre de libération, aux droits
fondamentaux de l'être humain, a eu ce
mot : " que brûle la république, si je
suis SDF ". Il s'agit de Hocine Zahouane.
Tout un programme qui ne figure nulle
part ailleurs, que chez ceux qui savent
ce que les droits de l'Homme signifient.
Ceux qui en sont privés, en premier
lieu. Pour s'en convaincre, il faudrait
par exemple aller interroger ces
millions d'étatsuniens livrés à la rue
qui vous diront que les
droitdelhommistes, ils n'en connaissent
pas le bout du nez d'un seul. Comme les
émeutiers du logement en Algérie, qui ne
figurent pas dans la liste des "
victimes ", objets de la mobilisation de
ces ONG qui ne désemplissent pas des
espaces médiatiques, d'ici et de là-bas,
qui font un vacarme de tous les diables
sur le thème des "libertés" et de la
"démocratie", qui ont l'oreille,
l'argent de la Maison-Blanche et de
l'Union européenne. En retour, elles
sont leur pointe avancée de la
diplomatie et le porte-parole
quasi-officiel. Les droits politiques
sont épurés, sublimés, transformés en
noumènes kantiennes, en des absolus
insaisissables et consacrés matériaux de
contestation. Le bruit a pour objectif
d'abord, de tout couvrir de ce qui
dérange l'ordre politique consacré. Les
outrances de la ploutocratie mondiale
devenues agendas des gouvernants, ne
seront pas dénoncés, en tant que
dictature, même quand celle-ci sévit
sous les régimes issus de la "
démocratie réelle ". Les spasmes
d'agonie, en Somalie et ailleurs, des
centaines de milliers de victimes de la
famine, produit d'une division
internationale inique du travail,
n'auront pas droit à l'ombre d'une
mention. Par contre, les gesticulations
" libertaires " du dernier quidam en
Chine, en Iran ou à Cuba, seront le
prétexte d'une mobilisation à la mesure
des capacités de propagande des
puissances occidentales. La conclusion
est très simple et coule de source. Les
droits de l'Homme n'intéressent pas les
droitdelhommistes. Ceux qui les
financent ne placent pas leur argent à
la légère. Ils en font un investissement
et ne s'en cachent pas, au contraire de
ces associations qui sont muettes sur le
sujet. Ils parlent clairement de faire
émerger des " leaders " et des "
sociétés civiles " susceptibles de
constituer une " opposition " active aux
" régimes " et de porter une gouvernance
" compatible " avec l'économie de
marché. Nous comprenons, dès lors, qu'en
matière de droits, il n'y en aura que
pour ceux qui garantissent la propriété
et la liberté totale de commerce, ce qui
donne un éclairage sur l'attitude
souvent fondamentalement subversive des
ONG droitdelhommistes, qui font du "
changement de régime " un point
essentiel de leurs revendications. Il
sera, bien sûr, vain de trouver dans
leurs discours, les attendus de ce "
changement ", en dehors de la supposée
démocratisation aux contours indéfinis.
Ceci étant, l'insistance sur le
caractère pacifique du " changement "
n'est pas fortuite. Elle découle
directement du souci d'empêcher le
déferlement du mécontentement social,
incontrôlable par définition, et qui
peut " brûler la république " et
produire des leaders et une société
civile qui combattent la gouvernance
mondiale et son ordre établi facteur de
chômage et de dénuement.
Article publié sur
Les Débats
d'Algérie
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