Opinion
France : recours
contre une dérive
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 21 avril
2012
Jamais,
peut-être, la France n'a connu un
président de la république aussi peu à
la hauteur de sa culture sociopolitique,
c'est ce qui lui est arrivé avec le
règne de Nicolas Sarkozy. Ordinairement
il peut arriver qu'un homme d'Etat
détonne par son style ou par sa
personnalité, mais, en général, ce cas
de figure est accepté lorsque l'individu
en question a l'envergure d'un leader et
la perspicacité d'un visionnaire,
renforcées par une aura de moralité et
de respectabilité, qui lui prodigue
l'autorité nécessaire et l'investit de
la confiance et de l'adhésion des plus
larges couches de la société. On assiste
à l'inverse concernant M. Sarkozy. A tel
point qu'au-delà des clivages
politiques, on parle de " détestation "
du personnage, y compris dans son propre
camp. Il faut dire que, dès son arrivée
à l'Elysée, convaincu de représenter
l'homme providentiel, il se mit en
spectacle et étala, à tout va, une
morgue que rien ne venait atténuer en
termes de qualités particulières dans la
gestion des affaires du pays. Pire, face
à la crise économique, il embarque la
France dans le sillage de l'Atlantisme
ultralibéral, avec l'arrogance de la
posture et l'insolence des gestes contre
ses détracteurs. Sans pour autant que le
pays en tire des dividendes palpables
alors que, bien au contraire, ce sont
les Etats-Unis qui cueillent, en
Afrique, les retombées d'une vassalité
qui frise l'obséquiosité. Déchaîné, le
président n'écoutait plus que sa propre
voix, et celle des femmes et des hommes
qu'il a fidélisés. Tandis qu'il opérait
de plus en plus de vide autour de lui.
Candidat à sa propre succession,
fortement imbu de sa personne, il croit
encore pouvoir faire illusion, en
prenant acte de l'impopularité de son
mandat. A l'Express, il laisse entendre
qu'il va changer en déclarant ceci : "
il ne faut pas voir ce second mandat
comme un continuum, ce sera une nouvelle
histoire, dans un nouveau contexte ".
Cependant, de larges pans du " peuple de
droite ", son peuple, y compris certains
de ses ex ministres se rallient à son
adversaire François Hollande, sans
compter la lame de fond qui emporte ses
soutiens dans les couches les plus
conservatrices. Un journaliste français,
Frédéric Martel, prédisant sa défaite,
écrit : " Même la droite aura du mal à
se réapproprier la figure et le bilan,
la technique politicienne et le sens
médiatique. Pas davantage l'homme. Si
Sarkozy est battu, la parenthèse sera
refermée et nul n'aura une grande envie
de la rouvrir ". Pour finir, pour le
malheur de Sarkozy, François Hollande ne
constitue pas un vote fondamentalement
adverse, sauf à corriger les dérives
ultralibérales et à limiter la mainmise
des maîtres de la finance sur les
politiques budgétaires françaises. Même
s'il n'est pas sûr que le candidat, dit
socialiste, ait les coudées franches
dans une Europe entièrement livrée au
pouvoir des banques, il y a la certitude
d'éviter un désastre programmé où le
trader déclassera définitivement
l'ingénieur. A moins que la dynamique
sociale, augurée par la vague Mélenchon,
ne déborde tôt ou tard le système en
redéfinissant autrement le principe
d'exercice du pouvoir et les notions en
vigueur en matière de décision
économique.
Article publié sur
Les Débats
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