Opinion
Syrie : les
avatars d'une tragédie
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 21 mars
2013
La tragédie syrienne continue. Une issue
apaisée reste éloignée et les tireurs de
ficelles ne veulent pas lâcher le
morceau, mettre fin aux tueries, laisser
des négociations s'ouvrir et des
élections démocratiques avoir lieu.
Dernier avatar, qui doit faire frétiller
de joie les Frères musulmans, l'un des
leurs, encore un, a été «élu Premier
ministre» de la Syrie. Ça n'y est pas
complètement, mais quand même. Il
suffirait que l'Etat syrien connaisse le
sort de l'Etat libyen pour que la chose
soit achevée.
Pour le moment, c'est le CNS, pardon, la
CNS, puisqu'il s'agit d'une coalition et
non plus d'un conseil qui a propulsé Ghassan. HittoLui, il vient du Texas,
sûrement que les Syriens, s'ils avaient
eu voix au chapitre, n'auraient pas voté
pour lui, du moins au regard de sa
brutale irruption sur la scène, que rien
ne prédisait avant qu'il fut décidé de
leur désigner des «représentants
légitimes». Le monsieur, selon la presse
bien informée qui nous sert la «réalité»
syrienne, était cadre supérieur d'une
société de télécommunications aux
Etats-Unis, et a quitté son poste en
novembre 2012 pour «rejoindre les rangs
de la révolution». On ne sait encore
rien de son passé, en dehors du fait
qu'il faisait partie de la Confrérie des
Frères. Ce qui peut, tout de même,
expliquer ce sacrifice et cette
assurance que tout plaquer valait le
coup. Son «élection» vient, à point
nommé, le conforter dans son idée. A
moins qu'il savait d'avance son destin.
C'est-à-dire qu'il est moins aventurier
ou «révolutionnaire» qu'il y paraît.
D'ailleurs, le retrait de plusieurs
membres de la CNS avant le «vote», pour
dénoncer un «scrutin organisé à leurs
yeux avec le soutien des chancelleries
étrangères», n'est pas sans apporter
l'éclairage qu'il faut sur qui fait la
cuisine de cette Coalition. Les
réfractaires n'ont donc pas tenu compte
de l'argument qui se voulait massue, «il
devrait être un bon représentant pour la
communauté internationale», bien au
contraire. Peu importe, les démissions
nous en avons connues des tas, sans que
cela fasse dévier d'un degré la
détermination de «révolutionner» la
Syrie, sauf à illustrer la difficulté et
l'inconsistance des manœuvres des «Amis
du peuple syrien». Première mission du
«Premier ministre» : former un
gouvernement dans «les territoires sous
le contrôle de la rébellion». La partie
va être palpitante. Jugeons-en. Nous
savons que l'Armée libre syrienne (ALS)
est un mythe construit autour d'une
supposée unité de commandement
d'innombrables groupes armés. Nous
savons que ces groupes, en général, ne
sont pas très en phase avec ces CNS (le
ou la). Nous savons qu'il y a, aussi,
des factions djihadistes, dont le
moindre n'est pas le front Al Nosra qui
est train de devenir ou est déjà le
principal groupe armé en Syrie et qui
vient de créer un «Conseil religieux
pour gérer les affaires de la
population» à l'Est du pays. Ainsi, en
plus du chef tribal, Ahmad Djarba, qui a
refusé le «vote», il y a pas mal de gens
à convaincre et là où la conviction peut
être obtenue, il y aura à «élire» un
ministre «ayant une longue expérience»
dans des conditions pour le moins
douteuses.
Article
publié sur
Les Débats
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