Opinion
Algérie-Tunisie :
même syndrome ?
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 21 février
2013
Sur le plan politique, il
y a de très fortes similitudes entre le
14 janvier tunisien et le 5 octobre
algérien. Toutes proportions gardées
quant à l’épaisseur historique des deux
pays, à leurs ressources économiques et
au cursus des forces sociales en
présence. Dans les deux cas, l’ouverture
démocratique a souffert de la virtualité
de ses véritables « révolutionnaires »,
de la multiplicité des prétendants et de
la reconduction du « système ». Dans les
deux cas ce sont des figures médiatiques
et les islamistes qui se sont emparé de
la légitimité des conquêtes populaires,
dans les deux cas les médias d’abord,
privés surtout, et les institutions
ensuite sont tombés ou sont restés sous
le pouvoir des mêmes caciques du pouvoir
« déchu ». Dans les deux cas les
insurgés, les victimes de la répression,
n’ont aucune expression identifiable et
reconnu. Les islamistes faisant office
de nuage de fumée idéologique, de menace
existentielle, de drain d’une partie du
mécontentement social et de repoussoir
vers la « stabilité », la « liberté de
conscience » et la « sérénité ». La
différence a été que les islamistes
tunisiens « recyclés » à l’aune de
l’expériences et formatés sur le modèle
de l’AKP et du concept étatsunien «
islam modéré » ont pu passer l’obstacle
électoral vers l’exercice du pouvoir. A
ce titre, les islamistes ont pris de la
graine et ont obéit aux « souhaits » de
la « communauté internationale » de les
voir accepter les règles de la «
démocratie ». Dans les deux cas, ce sont
les directives des grandes puissances
capitalistes, le Fonds monétaire
international (FMI) et la Banque
mondiale qui constituent le programme
économique et imprègnent le type de
gouvernance. Dans les deux cas, se pose
le problème de la légitimité du pouvoir.
Les différences découlent, avant tout,
du décalage temporel des deux faits
historiques et des natures différenciées
du mouvement social et de la bourgeoisie
des deux pays. Ce qui explique que, en
Tunisie, le Front populaire, l’Union
générale des travailleurs tunisiens
(UGTT) et les nantis représentent des
forces avérées. En Algérie, les
communistes staliniens, usés par le «
soutien critique » au pouvoir et
l’extrême-gauche embryonnaire ont été
laminés par les « démocrates », soutenus
à bout de bras par les autorités contre
le FIS, et par les « réformateurs »,
commis de l’ancien régime reconvertis en
« démocrates ». L’UGTA poursuivant son
allégeance congénitale indéfectible au
FLN/ALN, au profit de l’Etat réformé. En
Tunisie, les communistes staliniens,
presque jamais tolérés, et
l’extrême-gauche ont conservé leur
orientation et leurs réflexes
doctrinaires, concrétisés par une large
implantation populaire, ce qui leur a
permis de constituer une alternative
assez consistante et une force politique
dont il est tenu compte et qui pèse dans
le contexte actuel. L’UGTT, acteur
reconnu de l’indépendance, a pu se
démarquer et prendre ses distances avec
le régime de Habib Bourguiba/ Zine El
Abidine Ben Ali, contre les mesures de
libéralisation et d’offensive contre le
niveau de vie des couches populaires. De
ce fait elle représente un sérieux
contre poids contre les islamistes, qui
la craignent et la respectent. Ces
données feront que les conditions
similaires n’auront pas les mêmes
conséquences.
Article
publié sur
Les Débats
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