Opinion
La fin de
l'hypocrisie
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 20 octobre
2011
«Une vraie
démocratie maintenant», un slogan qui
perturbe énormément. Surtout que ce sont
des dizaines de millions de gens qui le
portent. La presse de là-bas ne sait pas
quoi en dire. Elle n'a pas l'habitude
des choses compliquées. Elle sait plutôt
faire dans les bisbilles de palais, les
petites phrases assassines des
politiques vedettes, les scandales de la
haute société, les faits divers, les
guerres, la famine et les morts de masse
chez les indigènes… ce pain béni
quotidien qui offre ce confort sans prix
à la paresse intellectuelle. Et puis,
patatras ! Voilà que des foules qui
grossissent chaque jour posent un vrai
problème existentiel. Finis les
raccourcis et les certitudes et il va
falloir se mettre à la recherche d'une
grille qui aide à se remettre d'aplomb.
Chose pas facile du tout. Alors, en
attendant de trouver, on s'étonne qu'il
ne soit pas question de travail, de
salaire ou de revendications ordinaires
de gens ordinaires. On s'étonne mais on
sent que quelque chose s'est cassée.
S'il n'y a pas de revendications
ordinaires c'est qu'on n'attend rien de
ces «élus». D'où la seule et unique
revendication : «Une vraie démocratie
maintenant». Le point d'interrogation
est immense et pèse des tonnes, sur des
têtes formatées pour réfléchir dans la
bienpensance. De leur côté, les «élus»
et ceux qui attendent de l'être n'en
mènent pas plus large. Certains croient
bien faire en soutenant le mouvement.
Dans une pathétique tentative de sauver
leur emploi et leur carrière. Eux sont
les premiers concernés, par ce qui
exprime un avis de licenciement. Eux
comprennent parfaitement ce que leur dit
la rue. Eux savent que la démocratie qui
leur donne le pouvoir s'arrête à
l'introduction du bulletin de vote.
Au-delà, ils savent concrètement pour
qui ils roulent. Et rien ne prédisait
qu'un jour cette supercherie pouvait
être remise en question. Surtout pour ce
qui concerne cette «gauche»
institutionnelle. A ce propos, il y a
bien longtemps, à l'occasion de son
écrasante victoire électorale en France,
Mme Maurice Thorez interrogée sur ce
qu'allait faire la «gauche» avait
répondu à peu près ceci : «Comme
d'habitude, gérer pour le compte de la
droite». Il a bien fallu qu'à un moment
donné ce ne soient plus les initiés
seuls qui sachent ce qui se trame contre
le peuple. En démocratie. La tromperie a
finalement fait long feu et l'Histoire
semble nous préparer un nouveau départ.
Nous avons connu la démocratie,
celle-là, qui règne en modèle universel,
les peuples qui la subissent nous disent
qu'il y en a une autre, meilleure, la
vraie. Nous attendons de la voir
fleurir. On sait déjà qu'il ne sera plus
question de laisser les banques et tout
ce qui tourne autour gouverner
l'économie. Ce qui est certainement la
meilleure chose qui puisse arriver.
Reste à savoir comment va se défendre
cette flopée de politiciens et comment
ils vont se dépêtrer des accusations des
peuples en colère. On nous le dit,
demain sera probablement meilleur, sinon
vide d'hypocrisie. Demain sera donc
bien.
Article publié sur
Les Débats
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