Opinion
Les Frères et
Israël
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 19 novembre
2012
Les Frères
ne devaient pas s'attendre à cela, du
moins, aussi tôt. Leurs «amis» les
mettent dans une sacrée gêne. Ces «amis»
qui comptent, bien sûr, les gros. Les
Etats-Unis, les Britanniques, les
Français… Les Frères doivent être dans
leurs petits souliers. Israël, c'est
autre chose, bien autre chose pour les
«amis», pour que les Frères espèrent
obtenir quoi que ce soit contre lui pour Ghaza. Alors, ils accusent la Syrie de
provocation, même si les Frères du Hamas
sont, depuis des années, au front contre
les sionistes. Des Frères qui ont
rejoint les «amis du peuple syrien» et
que l'on ne peut pas accuser de rouler
pour Bachar Al Assad. Pour autant que
l'on peut, sans cynisme, oublier
l'oppression israélienne et la réalité
de la lutte de libération des
Palestiniens. «Le clan Assad cherche
maintenant à enflammer les Palestiniens
contre Israël», se permet d'affirmer un
journaliste de l'Express. D'autres
analystes vont dans le même sens en
suggérant que le Hezbollah, les
Palestiniens et le régime de Bachar Al
Assad se sont ligués pour embraser la
région. Le régime sioniste est donc
absout. Plus encore, il serait tombé
dans un piège fomenté par Barack Obama,
qui cherche à le «bousculer» en activant
les «terroristes» et aboutir à tempérer
son arrogance au profit de la diplomatie
et de la stratégie étatsuniennes. Le
Hamas n'a-t-il pas eu l'honneur de la
visite de l'émir du Qatar, visite
accompagnée de largesses inespérées (400
millions de dollars) ? Son chef, Khaled
Mechaal, jouit d'une maison à Doha
depuis longtemps et a rompu avec Damas
pour se ranger derrière les
pétromonarques et l'OTAN contre la
Syrie. Et puis, il y a cette attitude
«équilibrée» de François Hollande et de
Catherine Ashton de l'Union européenne.
Des indices qui plaideraient tous pour
la thèse de la manipulation, dont les
USA seraient les maîtres d'ouvrage. Et
même si cela était, les Frères, au
milieu, ne doivent pas trop comprendre
ce qui leur arrive, surtout que pour
leurs troupes, la réalité du carnage,
mille fois répétée, est la seule chose
qui compte. Au bout de l'implacable
crudité des faits, se pose la question
sur la présence des Frères parmi les
pires ennemis des Palestiniens et sur le
soutien que ces ennemis leur prodiguent
depuis le début des «révolutions».
Peut-être la réponse se trouve-t-elle
déjà dans le texte intitulé «Arab Spring
and the Israeli enemy» de Abdulateef Al-Mulhim,
un retraité de la Marine royale
saoudienne, où il définit «le véritable
ennemi du monde arabe… (qui) a gaspillé
des centaines de milliards de dollars et
a perdu des dizaines de milliers de vies
innocentes en combattant Israël». Après
force arguments sur les dictateurs, la
corruption et les atteintes aux
libertés, il nous livre sa conclusion :
«le printemps arabe a montré au monde
que les arabo-palestiniens sont plus
heureux et en meilleure situation que
leurs frères arabes qui se sont battus
pour les libérer des Israéliens». On ne
sait pas s'il a interrogé les
Palestiniens sur le sujet. Mais les
Frères semblent bien partager son point
de vue, eux, qui ont choisi leur camp et
qui finiront bien par en venir au fait.
Sinon on les aurait vus commencer par
ouvrir le terminal de Rafah,
c'est-à-dire cesser de participer au
blocus de Ghaza.
Article publié sur
Les Débats
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