Opinion
Merci Madame Wendy
Sherman
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 19 juin
2013
Ca y est, les
Etats-Unis ont parlé et il y en a qui
ont été particulièrement attentifs à ce
qu'a dit la sous-secrétaire d'Etat aux
Affaires politiques, du haut du
piédestal que lui offre les empressés
dans l'allégeance. Il n'y a qu'à lire la
couverture faite par certains journaux,
le choix de leur titraille, pour se
convaincre de la soumission ou de
l'adhésion aux verdicts assenés par Mme
Wendy Sherman. Autant de messages à
destination des sollicitations à peine
voilées des courants acquis à
l'atlantisme conquérant. Du froid
parfois, comme cette phrase où elle
«souhaite un prompt rétablissement au
président algérien qui est très connu
aux Etats-Unis et… lui souhaite un
retour immédiat» ou celle-ci où elle
considère que «l'Algérie continue à
avancer sur tous les fronts et (qu') il
y a continuité». Ce qui n'a pas dû être
accueilli avec enthousiasme par les
catastrophistes de tout bord. Il y a
aussi le fait que la dame, sachant les
attentes en matière d'ingérence, coupe
court aux sollicitations en disant :
«Nous n'avons aucun rôle à jouer dans le
choix du futur président qui, je le
répète, revient au peuple algérien.» Au
point où il faudrait peut-être lui dire
merci de ne pas se mêler de ce qui ne la
regarde pas, faute d'avoir des voix
assez fortes pour lui demander ce qui
l'autorise à un tel paternalisme. Ainsi
lancée, elle ne se prive pas de donner
des instructions sur tout. A commencer
par cette appréciation : «L'Algérie peut
mieux faire.» Ici, elle parle bien sûr
de cette «démocratie», dont les
néolibéraux de Wall Street et d'ailleurs
ont le secret. Tant pis, s'il y en a qui
la prennent au pied de la lettre et
considèrent qu'elle se préoccupe des
droits du peuple algérien. Dans le même
temps, elle donne une lueur d'espoir à
ceux qui désespèrent du «changement»
venu d'ailleurs, qui ne se sont pas
privés de décortiquer la moindre
tournure de phrase, le moindre mot pour
y déceler les menaces traditionnellement
adressées aux Arabes et assimilés,
celles qui font qu'un pays soit éligible
au «printemps». Parfois, Mme Sherman
leur a facilité la vie, comme quand elle
conditionne les élections par leur
transparence et leur régularité. Non pas
qu'il faille prendre la chose au mot,
mais pour y voir le maintien du
discrédit à l'égard du pouvoir en place.
La chasse à la fraude essentielle est
donc permise, par le seul fait qu'il
sera bien de prouver à la " «communauté
internationale» que la victoire d'un
FLN/RND est toujours sujette à caution.
La «démocratie» ne pouvant être prouvée
et assurée que par l'élection d'un
patenté de la presse «démocratique» et
des plateaux d'outre-mer. Ce faisant,
les fondements du discours étatsunien
sont occultés, même s'ils déterminent
tout le reste. En ce sens et pour le
moment, les Etats-Unis estiment avec
raison qu'ils obtiennent tout ce qu'ils
veulent du gouvernement algérien. La
pleine coopération dans la gestion
stratégique de la région, l'inscription
dans les plans de «sécurisation» de
l'Afrique subsaharienne, de la Tunisie
et de la Libye et, par-dessus tout, la
«levée des obstacles» devant l'avancée
des forces du marché.
Article publié sur
Les Débats
d'Algérie
© 2013 Les Debats
Le sommaire d'Ahmed Halfaoui
Le dossier
Algérie
Les dernières mises à jour
|