Opinion
Les «forces du
changement» à l'offensive
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 19 mai 2013
La
sinistrose est à son comble pour ceux
qui sont férus d'informations sur
l'Algérie. La sélection des faits, leur
mode de présentation et le ton utilisé
ne laissent présager rien de bon.
Echappent à l'angoisse médiatique les
déconnectés, les lecteurs des pages de
sport et de faits divers et ceux qui
n'écoutent ou ne lisent rien du tout,
ceux qui vivent leur vie ordinaire,
seulement préoccupés de leurs peines ou
de leurs joies. Ces derniers ne savent
pas leur bonheur de ne pas souffrir de
l'addiction aux réseaux internet ou à la
presse «bien informée». Sinon, ils
seraient à se tenir le ventre sur l'état
de leur pays et sur un avenir qui ne dit
rien de bon. Surtout si, en plus, ils
s'intéressent aux discours de certaines
personnalités qui font florès dans les
médias. Bien sûr, il n'est plus question
de «printemps», mais le «changement» est
toujours d'actualité. Attention, il ne
s'agit pas du «catastrophisme» que le
monde a connu à travers quelques-unes
des approches marxistes sur
l'inéluctabilité de l'effondrement du
système capitaliste et de l'avènement de
la révolution prolétarienne. Ici, pas
question de ce type d'issues. Le système
capitaliste ne souffre d'aucune
critique. Il est même recommandé de
l'approfondir «à l'heure de la
mondialisation». Concernant l'Algérie,
il s'agit de vœux vaporeux contre un
pouvoir indéfini. Selon le cas, le
«changement» a pour cible soit des
«décideurs» dont on n'indique pas
l'identité, soit des «généraux», soit du
DRS (services secrets), soit du
Président en poste. En fonction des
tendances, l'élimination de la chose
réaliserait l'objectif désiré. Il
suffirait, par exemple, que Bouteflika
ne se présente pas à un quatrième
mandat, de son propre chef, parce que
malade et vieux ou, pourquoi pas (c'est
même suggéré), que les «décideurs» en
ont décidé ainsi, pour que tout aille
pour le mieux dans le meilleur des
mondes. L'Algérie sera sauvée parce
qu'elle aura «changé». Inutile de
chercher des arguments compliqués, il
n'y en a pas. Que la promesse d'un monde
meilleur, débarrassé de ses cauchemars,
comme par le coup de baguette d'une fée
bienfaitrice. Surgit une interrogation
irrépressible. Une fois l'Algérie
«changée», selon leurs desiderata,
comment vont procéder ces «sauveurs»,
autoproclamés «forces du changement»,
qui courent et que courent les médias.
Rappelons qu'ils ne se réclament ni de
la révolution socialiste ni d'aucun
ordre social particulier, qui soit en
contradiction avec l'ordre existant (là
on comprendrait). Fait unique dans
l'histoire, pourrions-nous dire sans
nous tromper. Voilà des prêcheurs qui ne
proposent rien de palpable, sauf de nous
faire peur. Rien sur le mode de
gouvernance économique en phase avec
l'échec du libéralisme débridé, rien sur
la redistribution des richesses
nationales, rien sur les services
publics (santé, école, principalement),
rien sur le développement social, ne
serait-ce qu'en général. C'est pour
cela, peut-être, que le peuple ne leur
prête pas l'oreille, pour autant que le
peuple les intéresse et qu'ils aient des
propositions à lui faire, en dehors
d'une «démocratie» vaporeuse en piteux
état dans ses bastions.
Article publié sur
Les Débats
Copyright ©
2001-2011- MAHMOUDI INFO Sarl - Tous
droits réservés.
Reçu de l'auteur pour publication
Le sommaire d'Ahmed Halfaoui
Le dossier
Algérie
Les dernières mises à jour
|