Opinion
Que peut-on
conclure avec du transitoire ?
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 18 avril 2012
On est loin
des insultes, des menaces et de
l'arrogance, conférées par l'OTAN,
contre l'Algérie, mais les déclarations
de l'un des " porte-paroles ", non
anonymes, du CNT, à la chaîne Alarabiya,
en contiennent encore les relents. Voilà
un pouvoir réduit au palais qu'il occupe
et aux couloirs diplomatiques
internationaux ouverts par la "
communauté internationale ", pouvoir
qui, selon ses propres dires, ne
contrôle pas les prisons, qui va "
demander aux autorités algériennes de
(lui) remettre les membres de la famille
Kadhafi ". Par-delà le droit d'asile et
les questions de principe et hormis les
attendus légaux, l'outrecuidance est
patente. Il sera aussi question de "
l'argent du peuple libyen ", dont
l'essentiel se trouve dans les pays de
l'OTAN, qui considèrent que ce n'est pas
encore le moment de le libérer.
Considérant certainement, sans le dire
ouvertement, que la Libye a besoin
d'autre aménagements avant que lui soit
accordé une quelconque consistance. Sans
préjudice, toutefois, de l'intention de
profiter au mieux de cette manne
inespérée que constituent les centaines
de milliards de dollars " gelés ", à
point nommé, par l'ONU. Ceci dit et pour
revenir à ce que de droit, il y a la
nécessité morale de traiter avec des
représentants légaux et légitimes de "
l'argent du peuple libyen ". Car,
nonobstant le rejet populaire du CNT, y
compris les " révolutionnaires ", qui
peut augurer que l'argent remis ne sera
pas réclamé par un futur Etat sécrété
par les Libyens eux-mêmes, aujourd'hui
marginalisés par un fait accompli. Quant
à la remise de Aïcha, de sa mère et des
autres réfugiés, si l'option est
envisagée, pour délirer, il faudrait
demander au chef du CNT à quelle milice
il faudrait le plus faire confiance, en
matière de droit de l'homme, dans quel
lieu de détention ils vont être
enfermés, par quel type de tribunal ils
vont être jugés et pour quels chefs
d'inculpation. Il faudra peut-être,
toutefois, l'interroger en quoi Aicha
Kadhafi présente une priorité quand des
millions de ses compatriotes sont livrés
aux affres de l'exil et du dénuement,
quand le reste de la population vit dans
l'incertitude et souffre de l'arbitraire
des bandes armées et quand le pays est
disloqué et menace d'imploser. A ce
propos, on sait, par chez nous, que
lorsque les préoccupations sont
insurmontables, on se détourne vers le
superflu, histoire de se consoler. C'est
le cas. Mais étant donné les errements
qui jalonnent le cursus des " nouvelles
autorités libyennes ", les propos
recueillis par la chaîne saoudienne ont
de fortes chances d'être la énième
rodomontade d'un énième quidam addicté
des micros et des caméras, sur fond de
cacophonie incorrigible de l'aréopage
dont il fait partie. Alors, il ne
resterait plus que les raisons
ordinaires, d'une visite non moins
ordinaire, qui donneront l'illusion de
représenter un pays auprès d'autres et
de prétendre à un rôle dans le
traitement du maelstrom naissant au sud
du Sahara. Et comme de coutume, dans les
rencontres diplomatiques, il y aura des
discussions sur les " questions
d'intérêt commun ". Rien de bien
méchant, en fait. Avant de renouer,
après un court répit, avec le cauchemar
qui n'est pas près de se dissiper et qui
persiste à rappeler qu'on ne joue pas
impunément avec la destinée d'un peuple,
surtout en matière de révolution.
Article publié sur
Les Débats
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