Opinion
La fin des
divergences superfétatoires
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 17 décembre
2011
Il s'en est
passé des choses depuis une année. Le
monde a accéléré son mouvement, et les
femmes et les hommes se sont trouvés
pris dans un tourbillon, dont ils ne
contrôlent ni la direction ni la
destination. Ce qui semblait impossible
hier se réalise, l'ennemi d'hier est
devenu l'ami d'aujourd'hui et les
«révolutions» ne sont plus le fait des
communistes ou des nationalistes, mais
des colonialistes et des affairistes.
Ainsi, les «modernistes», les
«démocrates» et, au-dessus, l'Occident
font cause commune avec les
«islamistes», les «intégristes», les
«barbus», les «terroristes», qui
s'ouvrent à la «juiverie
internationale», aux «croisés». Se
peut-il que cela relève de la génération
spontanée ? Ce qui s'impose pour être le
cas. Sans que rien ne puisse, en
apparence, prédire cette reconfiguration
des choses, l’on se prend à réaliser que
le chef international des Frères
musulmans se fait le porte-parole de
l'OTAN et intervient en faveur d'une
ouverture au sionisme. On assiste,
médusés, au casting de chouyoukhs
confirmés au sein des chancelleries des
«pires adversaires de l'Islam». Ceux-là
au sujet de qui ces chouyoukhs disaient
qu'ils n'accepteraient les musulmans que
si ces derniers rejoignaient le
Christianisme. Pour que le phénomène
étonne moins, il y a bien eu ce type
d'alliance en Afghanistan contre le
«communisme athée», mais la suite des
événements a fait oublier les noces
contre-nature entre le «Monde-libre» et
les adeptes de la burka pour les femmes.
Alors, ce fut oublié, occulté ou remisé
comme des errements tactiques sans
signification fondamentale. Jusqu'à la
célébration fastueuse de l'instauration
de la Charia, en Libye, par les
bombardiers et les forces spéciales de
l'Alliance atlantique. Provoquant un
effet de dissonance cognitive sans
précédent chez les observateurs les plus
avertis, tenus à l'écart des
laboratoires où se concoctent les
cuisines les plus élaborées. Alors, pour
ne pas se laisser prendre, il faut tout
de suite conclure que rien n'est aussi
simple que l'on puisse le penser. Ni les
Chouyouks patentés, ni les barbares
colonialistes, ne font rien pour rien.
C'est sous la surface qu'il faut
fouiller et avec des outils que ne
procure pas la sémantique lissée des
«intellectuels» et «politologues»
autorisés. Il faut tout de suite se
rappeler que la vie des hommes et des
femmes ne repose sur rien d'autre que
sur ce qu'ils peuvent obtenir sur la
table des richesses. Et tout peut
s'éclairer. «L'économique est
déterminant en dernière instance», dit
une vieille maxime marxiste, une de ces
vérités que tous les holocaustes n'ont
pas pu détruire, pour l'unique raison
qu'elles s'expriment d'abord, dans le
réel, ailleurs que dans les seuls livres
et pensée des hommes. «Le monde marche
sur ses pieds et non sur sa tête», dit
une autre. Une façon de soutenir que
seule la matérialité compte et que
l'idéologie, la plus séduisante, ne fera
jamais que la vie des gens soit
différente de ce que le mode de
distribution de richesse fera qu'elle
soit. On aura compris, en définitive,
que l'union sacrée est en train de se
faire, précipitée par le naufrage en
cours d'un système qui ne peut plus se
permettre le luxe de divergences
superfétatoires.
Article publié sur
Les Débats
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