Opinion
Le pouvoir des
banques
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 16 novembre
2011
Il paraît
que l'Algérie n'est pas éligible à la
notation de ces agences qui font
trembler les Etats. C'est une bonne
chose que de ne pas figurer dans une
liste où on ne trouve que des pays qui
ont grand besoin de s'endetter. Pourvu
que cela dure le temps qu'il faut pour
que se décoince notre développement
national. On sait ce qui est arrivé à la
Grèce quand il s'est agi de gérer un
déficit public abyssal, dû à cette
propension à l'endettement et soumis au
bon vouloir des banques privées,
législation européenne oblige. La France
à son tour vient d'avoir des sueurs
froides. L'agence de notation
étatsunienne, Standard & Poor's, a
annoncé jeudi dernier que ce pays avait
perdu sa note ‘’AAA’’. Le triple A qui
met à l'abri des restrictions de crédits
de la part des banques. Juste après les
premières réactions, l'agence a invoqué
une ‘’erreur’’ de son système
informatique et a juré que cela ne se
reproduirait plus. Une enquête a même
été lancée au vu de la gravité de la
chose. Ils doivent être nombreux à ne
pas croire à ce type d'incident et à
penser que les conséquences étaient
suffisamment dramatiques pour que le tir
soit rectifié, en attendant que des
solutions soient trouvées aux
difficultés croissantes du budget
français. Peu importe que «le système a
interprété par erreur (une) modification
comme une dégradation, ce qui a
déclenché l'envoi d'un message à un
nombre limité d'abonnés inscrits pour
recevoir des alertes par courriel». Le
problème réside dans le mode d'emprunt
lui-même qui engendre des déficits aussi
mortels et dans le pouvoir consécutif
que les banques bailleuses de fonds
accordent à ces agences. On peut se
rendre compte que la disposition
concoctée, en ce sens, par l'Union
européenne est pour le moins
déconcertante. L'article 123 du Traité
de Lisbonne édicte ceci: «Il est
interdit à la Banque centrale européenne
et aux banques centrales des États
membres, ci-après dénommées ‘’banques
centrales nationales’’, d'accorder des
découverts ou tout autre type de crédit
aux institutions, organes ou organismes
de l'Union, aux administrations
centrales, aux autorités régionales ou
locales, aux autres autorités publiques,
aux autres organismes ou entreprises
publics des États membres ;
l'acquisition directe, auprès d'eux, par
la Banque centrale européenne ou les
banques centrales nationales des
instruments de leur dette est également
interdite». Le message est clair. Les
membres de l'Union sont obligés de
s'adresser aux banques privées. Inutile
d'y voir une quelconque règle de bonne
conduite économique. Preuve en est que
les taux pratiqués par ces banques
privées n'ont rien d'encourageant et
servent plutôt à enrichir les banquiers
qu'à aider les pays à se financer au
mieux. Les retombées sont directement
observables sur le terrain
socioéconomique où des Etats sont
étranglés ou sont en banqueroute, sans
pouvoir faire rien d'autre que pressurer
les dépenses publiques et précariser
leurs citoyens. Ainsi va le système
néolibérale qui a incrusté ses règles de
conduite dans la politique des
gouvernements et qui a enserré le
fonctionnement des sociétés dans ses
rets, avec pour gardiennes ses agences
qui servent de vigiles à des banques
dont le seul souci est le profit.
Article publié sur
Les Débats
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