Opinion
Droit d'ingérence
et ONG
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 16 juillet
2012
Quand on a commencé à parler de droit
d'ingérence, on ne se rendait pas compte
jusqu'où cela pouvait aller, même s'il
était évident que ne pouvaient user de
ce droit que ceux qui en avait les
moyens. Maintenant que l'on sait ce
qu'il signifie, après l'Afghanistan,
l'Irak, la Libye et la Syrie, il faut se
mettre à en comprendre les mécanismes et
la procédure de sélection des «régimes»
éligibles à l'ingérence. Pour les
mécanismes, on observe immédiatement,
qu'à l'origine du branle-bas de combat
se trouvent toujours les «ONG» ou
Organisations non gouvernementales,
personnes morales à but non lucratif
financées, en principe et seulement en
principe, par des fonds privés. «Non
gouvernementales» étant un qualificatif
qui donne tous les gages d'impartialité,
de neutralité et de désintéressement,
que sont censées dicter les seules
considérations humanitaires. Ainsi,
l'activation d'une ONG ne peut reposer
que sur le souci d'apporter aide et
protection à une ou des populations
données. Et des ONG, il y en a des
centaines, voire des milliers, qui
peuplent le vide laissé par les Etats,
ce pourquoi elles se sont constituées en
théorie. Mais, il y a un petit nombre
qui sort du lot. Ce sont celles qui se
sont spécialisées dans ce qu'on appelle
«les droits de l'homme». Dans cette
catégorie, il y en a de toutes sortes
des associations, des ligues, des
observatoires… Après ces ONG, ce sont
les médias et des personnalités
médiatiques qui se mobilisent autour du
pays concerné par les faits relevés.
Ensuite, ce sont des pays, exclusivement
européens ou les Etats-Unis, surtout les
Etats-Unis, qui se mêlent du dossier.
Eux, on les appelle la «communauté
internationale», l'ONU étant ce «machin»
qui peut ou ne peut pas, selon les cas,
servir de caution aux opérations
d'ingérence. Les pays ciblés se situent
invariablement en Afrique ou en Asie,
pour le moment. Ils sont, de préférence,
assez riches en ressources naturelles
et/ou font partie des «Etats-voyous»,
c'est-à-dire des Etats qui s'opposaient
et qui persistent à vouloir conserver
une certaine souveraineté, tout en
traînant les tares de l'autoritarisme
politique ou d'une «démocratie»
contestée. Inutile donc de trop
s'appesantir sur la notion de «droits de
l'homme» en ce concerne le «droit
d'ingérence», car on n'en finirait pas
de s'interroger sur les innombrables cas
d'atteinte à ces droits, sans que des
ONG ou la «communauté internationale»
remuent la moindre poussière pour y
mettre un frein. Par contre, il suffit
de très peu pour que le monde entier
soit secoué et mis devant ses
responsabilités, dès que Hillary
Clinton, la secrétaire d'Etat
étatsunienne, est chargée d'une affaire.
Ce qui se produit, comme on l'a signalé
plus haut, à l'initiative d'une ou de
plusieurs ONG. Le mieux étant que le
signal vienne de l'intérieur du pays
concerné. Le cas syrien a fait ressortir
l'efficacité de ses observatoires qui
vont vraisemblablement constituer la
formule la plus adaptée. L'Observatoire
syrien des droits de l'homme (OSDH),
dont les informations font autorité,
envers et contre tout, même s'il est
représenté pas un seul individu… à
partir de Londres depuis dix ans,
comprendrait 200 militants qui… ne se
connaissent pas. C'est dire l'aisance
avec laquelle il devient possible de
fabriquer une ONG qui peut démolir une
nation, pour peu que les détenteurs de
la force s'appuient sur elle. Avec cela,
on aura fait le tour du droit
d'ingérence.
Article publié sur
Les Débats
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