Opinion
Le logement :
peut-on faire autrement ?
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 15 avril
2013
Lorsqu'il a
été décidé de privatiser le parc
immobilier destiné au logement, personne
ne pouvait imaginer que, plus d'une
vingtaine d'années plus tard, l'Etat
serait confronté à des émeutes à chaque
distribution de logements. La stratégie
libérale, présentée à l'époque comme une
solution efficace, sous le prétexte qui
se voulait sans appel de désengager les
pouvoirs publics d'une gestion d'ordre
privé, n'en finira pas d'avoir des
répercussions à l'opposé de l'effet
recherché. Le logement livré à la
spéculation est transformé en source
inespérée d'accumulation. Les premières
cessions des biens aux locataires, ont
fait nombre d'heureux propriétaires d'un
capital défiant les espoirs les plus
fous. Certains ont pu acquérir, selon
l'évaluation patrimoniale qui avait été
conçue sur la base de l'ancienneté de la
construction, des résidences ou des
locaux commerciaux dont la valeur
marchande, immédiatement réalisable, en
faisait des multimillionnaires, voire
des milliardaires, sans feu ni lieu. Ce
fut la première étape. La seconde, que
nous vivons, se caractérise toujours par
un grand écart entre les prix de vente
et les prix pratiqués sur le marché. Le
ton étant donné, beaucoup sautent sur
l'aubaine. Obtenir un logement cédé par
l'Etat ou ses démembrements équivaut à
s'assurer une marge financière des plus
confortables, qui peut faire d'un simple
salarié, un millionnaire en dinars, au
moins un rentier si au lieu de le
revendre, il le met en location. Et le
cycle continue à l'infini. En regard des
enjeux, à chaque programme " destiné à
résorber le déficit en logements ", des
nuées de prétendants se présentent.
Parmi eux, il n'y a pas que ceux qui
sont dans le besoin. Et pour cause,
quelles que soient les garanties données
en matière de transparence, les listes
des bénéficiaires sont contestées. Aux
frustrés légitimes éliminés pour être "
moins nécessiteux " que d'autres, mais
nécessiteux quand même, s'ajoutent les
prédateurs aux dossiers non moins
convaincants. En face, la crédibilité
très entamée de l'administration. La
réponse : la violence émeutière où il
est difficile de distinguer les uns et
les autres. Conséquence : une impasse
illustrée par un paradoxe. Distribuer
des logements équivaut à remettre en
cause la paix sociale. Pourtant, autour
de ce phénomène, le plus grand nombre
qui n'a pas les ressources suffisantes
pour l'acquisition en propre d'un toit,
a recours à la location…auprès le plus
souvent de ceux qui ont su jouer des
coudes dans la mêlée. A tous égards, la
société n'a pas fonctionné selon les
promesses des partisans de la
libéralisation. N'est-il pas temps
alors, de revenir à une politique
pratiquée y compris dans les bastions du
capitalisme ? Celle des habitations à
loyer modéré (HLM). Le premier résultat
sera l'élimination des spéculateurs, au
grand profit des millions de ménages qui
ne cherchent qu'un lieu de vie et non
l'affaire rêvée. Ce qui est certain est
que la tension retombera de plusieurs
crans. Chiche ! Une opération pilote,
accompagnée d'une information claire sur
la problématique, ne coûte que de
l'avoir tentée. A moins que la volonté
de promouvoir à tout prix le tout-privé,
soit aveuglante au point d'entretenir
une situation explosive.
Article
publié sur
Les Débats
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