Opinion
Une rentrée
atlantiste lourde d'incertitude
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 13 août 2013
Chaque
jour qui passe fait monter d'un cran les
inquiétudes du camp atlantiste. Le
triomphalisme de l'année 2011 n'est plus
de mise et le profil bas se précise.
Quelque chose n'a pas tourné rond dans
les affaires. Le "printemps" plein de
promesses n'a plus le visage avenant de
ces CNT/CNS, ces instances
"représentatives" destinées à exprimer
la volonté des peuples qui ne les ont
jamais élues. Il tourne au cauchemar en
Egypte et en Tunisie où les forces qui
montent ne ressemblent en rien à ces cyberactivistes, montés en épingle et en
héros de "révolutions" imbues de
"démocratie" à la sauce du département
d'Etat étasunien et de ses
démembrements, NED, Freedom House et
autres ONG aux couleurs chatoyantes. En
Syrie, aussi, l'entreprise après avoir
piétiné, vire à la déconfiture, tout en
mettant au premier plan des
"révolutionnaires" au profil
diamétralement opposé à celui que la
machine médiatique et les "amis du
peuple syrien" voulaient vendre au
monde. Plus que des desperados
sanguinaires et des djihadistes qui se
disputent des fiefs, en attendant que
l'armée syrienne finisse de réduire
leurs groupes armés. En Libye, le chaos
a fini par menacer les installations
pétrolières, après une brève période
d'illusion que l'essentiel était à
l'abri et que le butin a été assuré.
Amère conclusion d'une escompte
entièrement bâtie sur le mépris des
peuples, sur la certitude de la toute
puissance de la manipulation des foules
et sur la fiabilité des relais locaux
dans la prise en main des "changements".
Est venu, aujourd'hui, le temps du
revers de la médaille et du retour de
manivelle. Les " think tank ", les
spécialistes de plateaux télévisés, les
reporters avisés, tous les analystes,
n'auront rien vu des péristalismes
profonds, qui ont et qui feront que rien
n'ira dans le sens d'un retour à la
servitude. Plus grave encore, bien au
contraire, c'est à une implacable
ascension des peuples à la conscience de
leur propres intérêts que nous
assistons. Soit l'exact opposé des
objectifs et prévisions des prédateurs,
apprentis sorciers. Et ce n'est pas
fini. Il y a une rentrée sociale qui se
profile, qui ne promet pas des
réjouissances. Des pans entiers des
peuples européens ont été exclus par un
système censé produire la prospérité et
la justice sociale. Un système qui
serait la solution intrinsèque, la
seule, aux problèmes de développement
qui se posent à l'humanité, qui aura
finalement démontré sa férocité, à
l'égard des plus vulnérables, quand il
s'agit de "sauver les banques". Qui aura
étalé le peu de cas qu'il réserve à la
démocratie et à la détresse humaine. Qui
se prépare à balayer les derniers
obstacles à l'instauration de l'autorité
sans partage de la "libre-entreprise",
plus que jamais incapable de supporter
de partager ses profits, même d'en
laisser tomber des miettes. Ainsi 2013
ne sera pas "arabe", du moins pas
seulement. Une partie va se jouer au
cœur des bastions "démocratiques"
où les vraies questions vont être
posées, si elles ne le sont pas déjà.
Celles qui sont focalisées sur la nature
véritable du pouvoir qui gouverne en
dernière instance.
Article publié sur
Les Débats
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