Opinion
Les «spécialistes»
du chaos
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 13 mars
2012
Il y a 11 ans l'Histoire devait
recommencer. Georges W. Bush en avait
décidé ainsi. L'Afghanistan sera le
modèle de l'action étatsunienne et
atlantiste de la reconfiguration du
monde (suivront l'Irak et la Libye). Des
mois avant, il n'y en avait que pour les
talibans et pour les femmes en burqa,
sur les télés et dans les journaux. Le
24 septembre 2001, le pape Jean-Paul II
reconnaît aux États-Unis le droit à la
«légitime défense». Le 7 octobre
suivant, l'invasion du pays a commencé,
pour ne s'arrêter, selon Donald Rumsfeld,
qu'après la destruction des réseaux
terroristes. Des années auparavant,
c'étaient les Soviétiques qui aidaient
le gouvernement afghan à se protéger
contre l'insurrection islamiste. En ce
temps là, un certain Michael G. Vickers,
officier des forces spéciales, était
l'un de ceux qui contribuaient
activement à armer cette insurrection.
On y reviendra. En mars 2012, un
cybercafé (avec quinze ordinateurs
portables d'occasion) exclusivement
réservé aux femmes a pu ouvrir à Kaboul,
dans une «rue calme». Aqlima Moradi, une
militante de l'ONG YoungWomen4Change,
qui est à l'origine de l'établissement,
déclare ceci : «Nous voulions que les
femmes n'aient pas peur, nous voulions
créer un lieu sûr où les femmes puissent
utiliser internet». On peut
raisonnablement penser qu'il en a fallu
du temps pour si peu et en regard des
promesses de l'invasion. Dans le même
temps, un soldat de l'ISAF abat 16
Afghans, sans raisons apparentes, et
oblige Barak Obama à des excuses : «Je
suis profondément attristé par les
informations qui font état de la mort de
civils afghans. Je présente mes
condoléances aux familles et aux êtres
chers de ceux qui ont perdu la vie et au
peuple d'Afghanistan qui a enduré trop
de souffrances et de violences». Et ce
n'est pas la première fois qu'il doit
s'y mettre. Il faut dire que, malgré les
130 000 éléments de l'OTAN, les talibans
sont toujours là et que le fossé de
haine qui sépare la population afghane
de ses «sauveurs» n'a jamais été aussi
large. Faisant fi de cela, Leon Panetta,
secrétaire à la Défense, et le général
Martin Dempsey pensent que les
fondements de la stratégie demeurent
«solides». On apprend que l'un des
concepteurs de cette stratégie est
l'actuel sous-secrétaire à la Défense
pour le renseignement, Michael G.
Vickers, qui est chargé désormais de la
même problématique en Afrique du Nord et
dans le Sahel. Au vu des résultats de sa
science passée, on est en droit de
douter de l'efficacité de ses
cogitations. En Afghanistan et en Irak,
la sécurité n'a jamais été aussi
malmenée et c'est aux «erreurs»
stratégiques que l'ont s'attaque pour
tenter de corriger le tir. Est-ce pour
cela que l'Algérie est mise au centre du
dispositif ? Il paraîtrait, en effet,
que des «divergences» d'appréciation ont
vu le jour. L'arsenal à ciel ouvert que
constitue la Libye du CNT et des
«révolutionnaires», sera-t-il neutralisé
? Pour le moment, rien ne peut permettre
de l'affirmer, mais il faut se méfier,
toutefois, de la cuisine des apprentis
sorciers bombardés «spécialistes», quand
ils traînent derrière eux la réputation
de faiseurs de chaos.
Article publié sur
Les Débats
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