Opinion
L'union rêvée
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 12 février
2012
L'Afrique
du Nord, encore, politiquement et malgré
tout, baptisée Occident arabe,
périphérique, jamais son propre centre,
même quand le centre courtisé (les
pétromonarchies) se démarque, continue
d'offrir ses inconséquences. Aux
dernières nouvelles, le président
tunisien provisoire, Moncef Marzouki,
sorti d'une cuisine occulte au sein de
l'Assemblée constituante, où son groupe
ne représente que 5%, soit autour de 185
000 voix sur 7 569 824 d'électeurs
inscrits, s'est mis à rêver tout haut
d'unifier les Nord-Africains,
Mauritaniens compris. Pour ce, il fait
une tournée dans la région, convaincu de
sa mission. Mais, quand la presse de son
pays dit : "Ce n'est ni une insulte ni
un dénigrement que de qualifier notre
président provisoire de la République et
son ministre, tout aussi provisoire, des
Affaires étrangères d'être des bleus "
(businessnews.com.tn), c'est qu'il y a
des raisons. Le même média enfonce le
clou : "Sans expérience de la
diplomatie, de ses exigences et de ses
codes. La Tunisie a déjà fait part de
son souhait d'accueillir un sommet des
cinq pays qui composent l'UMA (Algérie,
Maroc, Mauritanie, Libye et Tunisie)".
L'auteur de l'article sait de quoi il
parle. Il sait qu'en principe le leader
d'une telle entreprise devrait avoir
quelque chose à offrir. Le parrain Rached Ghannouchi, dans l'euphorie,
avait déjà proposé une union avec la
Libye. Lui aussi a eu droit à un
commentaire caustique : "Imaginez : sans
avoir à bouger le pouce, cent milliards
de dollars par an tomberaient tout crus
dans le budget de l'Etat uni. Un
triplement du Pib du jour au lendemain.
A chaque Tunisien sa villa et son 4X4.
Alors qu'aujourd'hui on s'épuise à
gagner quelques dinars de plus. Oubliée
cette époque de nécessité, devenons des
rois du pétrole. Comme le Qatar, comme
l'Algérie" (kapitalis.com). En clair, ce
ne sont pas des arguments aussi
hypocrites qu'éculés qui feront la
différence. En écho, le Premier ministre
marocain claironne : "Il est temps
d'être un seul peuple et de sortir les
relations intermaghrébines de leurs
aspects protocolaires pour instaurer des
relations concrètes et plus réalistes",
alors que le Maroc et l'Algérie
achoppent sur la simple ouverture,
ordinaire, des frontières. Par delà les
intérêts bien compris des Etats, s'il y
a une situation qui interdit la moindre
pensée à la constitution d'un espace
nord-africain ouvert, c'est la situation
actuelle de la Libye : un non Etat, un
pays désarticulé, un chaos ouvert sur le
pire, un champ d'armes incontrôlées de
tous calibres, des bandes faisant régner
la terreur. Dans une moindre mesure, la
Tunisie, aussi, pourrait susciter des
inquiétudes avec un pouvoir sans
consistance et imprévisible. Pas de quoi
avoir sur la table matière à discussion.
Le plus probable, et c'est ce qui est en
cours, ce serait le rapprochement algéro-marocain,
apparemment parrainé par les Etats-Unis.
Le plus urgent pour Mohammed VI, qui a
poliment reçu le Président tunisien,
étant le contentieux avec l'Algérie. Un
processus assez lourd en soi, pour
s'encombrer de partenaires en grande
difficulté. L'UMA attendra certainement
de meilleurs auspices.
Article publié sur
Les Débats
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