Opinion
Les Infusen et
l'OTAN
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 9 octobre
2011
Il est des
«erreurs» politiques qui sévissent dans
nos contrées et qui persistent envers et
contre tout, dans un entêtement qui fera
certainement le bonheur des historiens
et des sociologues. Parmi elles, il y en
a qui peuvent être mortelles, par le
fait qu'elles produisent,
invariablement, exactement l'effet
inverse de celui qui est recherché. Le
traitement tant irresponsable
qu'imbécile de l'Histoire et de notre
culture ancestrale en est l'exemple le
plus poignant. L'obsession d'une unité
nationale bâtie sur l'uniformité, la
chape étouffante d'une arabisation à
marche forcée et l'insulte faite aux
ancêtres et au passé du peuple, ont
abouti à un blocage social dont la seule
issue est souvent l'explosion et le
déchirement. Ce qui est arrivé en Libye
en est une douloureuse illustration, où
la brèche ouverte par l'agression
colonialiste a permis de voir
s'engouffrer une frustration qui couvait
et n'attendait que le moment de pouvoir
s'exprimer, fut-ce aux prix d'alliances
sordides. Le Berbère qui se nie,
Mouammar Kadhafi, devrait s'en mordre
les doigts, même si c'est en réalité le
peuple libyen qui en paie le prix. Il
devrait mesurer combien était dérisoire
la «victoire» de son ambition arabiste
devant ce qui arrive à son pouvoir et à
son pays. Il devrait réaliser, bien
tard, que les Berbères n'ont rien cédé
et qu'ils ont jalousement préservé leur
âme. Il devrait se demander à quoi a
servi de jeter à la poubelle le
patrimoine historique de son pays.
Surtout, ironie des choses, que ce sont
les Arabes, les vrais, ceux qui n'ont
pas eu besoin de le devenir par décret,
qui ont déclenché l'agression qui
endeuille la Libye. Imaginons un instant
que les Berbères d'Adrar n'Infusen
n'aient pas été compressés dans cet
arbitraire et soporifique moule «arabe»,
réprimés et niés dans leur identité,
dans leur culture, dans leur langue et
dans leur existence. Le CNT/OTAN, cette
escroquerie criminelle, qui capitalise
les effets des dénis de droits d'un
«Guide» imbu de son pouvoir et de ses
convictions totalitaires, ne serait
certainement pas dans la position où il
se trouve. La prédation et le crime
profitent de la détresse des Imazighen
du Nefoussa. C'est ce qui est arrivé, en
attendant que soit posée cette
«démocratie», qui veut les exclure avant
même que d'être. C'est pour cela qu'ils
n'ont pas attendu que les bombardements
aient achevé leur sinistre besogne pour
affirmer leur intention de ne pas se
laisser faire. Ils ont rejoint les
supplétifs de l'Alliance atlantique.
Peut-on leur en vouloir ? Difficile de
répondre. On peut juste regretter que
cela se passe ainsi. Et il y a une
raison à cela. Celle de ne jamais
reprocher à un opprimé de prendre sa
liberté quand il la trouve. C'est le
cas. Manifestant par milliers à Tripoli,
ils ont démontré leur détermination à
faire revivre leur identité maltraitée.
Une incongruité dans cette «révolution»
qui met mal à l'aise la critique, par le
fait qu'elle exprime la seule
revendication noble et l'unique
légitimité dans l'infâme entreprise de
dépeçage de la Libye. La seule, on peut
l'affirmer, puisqu'il serait
extraordinaire d'observer une
démonstration similaire en soutien aux «élus» de
la «communauté internationale».
Article publié sur
Les Débats
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