Opinion
A quand l'argument
à la place de l'insulte ?
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 8
septembre 2011
En
principe, c'est parti. Dans pas
longtemps l'Algérie va connaître, enfin,
de vrais débats et non pas deux
monologues. Celui de l'ENTV et celui des
«démocrates» autoproclamés, issus des
flancs des réformes démocratoïdes de
Mouloud Hamrouche et de ses successeurs
ou promus à ce statut par l'ascenseur
politique savamment filtré, mis en place
après 1988. Pour le moment, comme tout
observateur peut le constater, le
paysage ne laisse voir que les gens au
pouvoir et ceux qui ont soit profité du
tapis rouge pour accéder au statut
d'opposition consacrée, chargée de
contrer les islamistes, soit bénéficié
des vicissitudes de l'Histoire ou joué
sur les dénis culturels. Sans omettre
ces inclassables «victimes» de la
centrifugeuse du pouvoir, qui tiennent
tribune à tout va, à chaque fois que
l'occasion se présente. Donc, dans pas
longtemps, grâce à la levée des barrages
qui bloquent la création de journaux,
barrages qui ont quand même laissé
passer parmi les premiers ceux qui ont
pignon sur rue, des espaces médiatiques
vont s'ouvrir. Un problème va se
poser peut-être. En toute démocratie,
les nouveaux titres devraient bénéficier
de la même perfusion financière qui a
permis l'émergence des «grands journaux»
d'aujourd'hui. Sinon cela ne serait pas
de jeu. Car on laissera à l'argent le
soin de servir de barrage et on ne
pourra que continuer à lire des plumes
contrôlées et à subir la situation
actuelle. Sachant que l'essentiel de
l'intelligence nationale n'a pas les
moyens de se lancer, comme ce fut le cas
au tout début pour la presse actuelle.
Si cela est, il faut croire qu'elle sera
accusée d'être une presse des
«services», mais cette accusation finira
bien par ne plus convaincre ses auteurs,
qui devront bien trouver d'autres
arguments. Il suffit, par exemple, de
prendre le soutien médiatique aux
supplétifs libyens de l'OTAN et le
silence collatéral en vigueur sur les
bombardements et sur leurs milliers de
victimes. Cette attitude n'aurait pas pu
être aussi indemne de réparties, qui
auraient fini par obliger les partisans
de ce type de «démocratisation» à
trouver d'autres armes que les coups bas
contre ceux qui ont dénoncé ce crime. A
trouver d'autres inepties que de
chercher dans leur indignation le refus
de la démocratie, quand ces «démocrates»
en chef considèrent qu'en Libye il n'y a
pas eu d'ingérence étrangère ou dans le
meilleur des cas, s'il en fut, ce serait
la faute de Kadhafi et non de l'OTAN. Il
est même affirmé clairement que c'est
lui qui est la cause du carnage qu'elle
commet. Si pareille outrecuidance est
possible, elle est due à ce quasi
monopole sur l'expression qui confère la
certitude de ne pas trouver de
contradicteur. Restera à chercher la
manipulation derrière ceux qui voient
les choses comme elles sont et qui
trouvent à le dire, malgré tout, grâce
aux journaux des «services» et à
Internet, actionné lui aussi par les
«services». C'est parti, si on en croit
les dernières nouvelles, les médias
seront libérés. C'est-à-dire que les
Algériens seront libérés des deux
monologues. Souhaitons seulement
que les démocrates convaincus pourront
enfin dire que les vraies libertés n'ont
rien à voir avec celles que chantent le
«marché» et ses relais locaux, mais
celles qui préservent les richesses
nationales au profit du développement
social. A voir…
Article publié sur
Les Débats
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