Opinion
On en vient au
fait
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 5 décembre
2011
Le monde
est en train de devenir moins hypocrite.
L'irruption de la puissance nucléaire et
spatiale russe va nous changer du
discours qui domine jusqu'à présent. Il
y a évidemment maldonne, depuis un
certain temps, depuis que les
Occidentaux se sont mis à jeter leurs
bombes en dehors des zones consacrées.
Les Russes se sont peut-être rappelés de
l'expérience hitlérienne. Bien qu'Hitler
était plus direct et n'usait pas de
duplicité, quand il s'agissait
d'agrandir son liebenstraum, son espace
vital. Il y allait franchement sans
raconter des histoires à dormir debout,
sur les droits de l'homme, la démocratie
ou la liberté. Ils se sont donc rendus
compte qu'au rythme où cela va, ils
risquent de se retrouver avec une
quincaillerie qui n'aura servi à rien,
quand celle des autres aura été
rentabilisée dans la conquête de pas mal
de territoires, de marchés à proprement
dire. On dit que Poutine poussait
derrière et que Medvedev voulait
«coopérer», en croyant que le jeu allait
être loyal. Mal lui en pris. Le coup de
la «zone d'exclusion aérienne» en Libye
a dû le faire s'étrangler de rage, sous
les sarcasmes de Poutine. Le remake
libyen, en Syrie, étant en train de se
mettre en place, un verrou stratégique
d'importance capitale risque d'être
perdu. Les limites ont dû être
atteintes. L'unipolarité est donc finie.
Les Russes même affaiblis ont de solides
arguments à faire valoir. Sans compter
leur rapprochement avec une Chine, non
moins ciblée à travers les
«démocratisations» musclées. Medvedev
qui a laissé massacrer les Libyens, se
met à brandir ses missiles. Le débat
s'est déplacé sur le champ de bataille
réel. Le président russe a menacé de
déployer ses missiles dans l'enclave de
Kaliningrad et dans «d'autres régions»
si la Russie et l'OTAN ne se mettaient
pas d'accord sur le bouclier de défense
anti-missile des Etats-Unis. Avec en
prime un désengagement du nouveau traité
START de non-prolifération nucléaire. En
clair, ce qui a prévalu jusqu'à présent
est remis en cause. Le Russe est limpide
quand il s'explique : « … s'ils nous
offrent de ‘’coopérer’’, ou, pour parler
franchement, travaillent contre nos
intérêts, nous ne pourrons pas parvenir
à un terrain commun». Une façon de
cesser de faire semblant d'avaler les
couleuvres sur la «menace iranienne». Le
héros de l'épopée en Libye, le chef de
l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, très
«déçu» pense qu'il est devant une
«réminiscence du passé» et que ce serait
«incohérent avec les relations
stratégiques» entre l'OTAN et la Russie.
Il est le premier à réagir et à proposer
«la coopération, et non la
confrontation». Une façon de faire
admettre que les bruits de botte de plus
en plus forts n'existent pas. En
attendant la suite de cette nouvelle
situation, la flotte russe serait en
voie de se déployer dans les eaux
territoriales syriennes. On est bien
sorti de l'hypocrisie, car les objectifs
qui étaient cachés derrière l'agitation
droitdelhommiste envers l'Afrique et
certains pays arabes, sont mis au jour
par la réaction de Moscou. En attendant
celle de la Chine.
Article publié sur
Les Débats
Copyright © 2001-2011- MAHMOUDI INFO
Sarl - Tous droits réservés.
Reçu de l'auteur pour publication
Les analyses d'Ahmed Halfaoui
Les dernières mises à jour
|