Opinion
Colonialiste
d'«extrême gauche» ?
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 6 novembre
2012
En ces
temps troubles que traversent nos
contrées ciblées par la voracité
colonialiste, les positions d'une partie
de l'extrême gauche, française en
particulier, constituent un indicateur
très significatif de l'union sacrée qui
se construit par-dessus les déchirements
qui peuvent affecter les élites
politiques occidentales. Car, lorsque la
gangrène gagne les parties les plus
réfractaires du champ politique, elle
révèle l'ampleur de son expansion. La
Libye d'abord et la Syrie ensuite ont
surtout servi de révélateur au phénomène
de conversion du Nouveau parti
anticapitaliste d'adversaire de la
mondialisation impérialiste en soutien
aux entreprises de l'OTAN. L'expression
de ce soutien est très subtile par la
conservation de la marque de fabrique,
sans laquelle le courant perdrait son
identité «marxiste-révolutionnaire»,
partant sa raison d'être. Mais plus la
crise syrienne dure, plus l'alignement
contre-nature se précise, malgré les
précautions qui peuvent être prises,
dont l'attitude critique envers
l'intervention étrangère. Dans une
dernière livraison, intitulée «Syrie :
les mauvais remèdes des impérialistes»,
ce sont les arguments de l'Alliance
atlantique qui sont confortés
ouvertement. Ainsi, Bernard-Henri Lévy,
André Glucksmann et Bernard Kouchner
auraient raison de vouloir «livrer des
armes à la révolution», parce qu' «on ne
saurait pas être contre, à condition
toutefois de préciser certaines
conditions». Celles de «livrer avant
tout des armes dont les rebelles
puissent facilement se servir en toute
autonomie, sans tomber dans le besoin
d'avoir recours à des ‘’conseillers’’
militaires». Etant donné que «le
problème ne réside pas dans la
description de la réalité actuelle par
les auteurs, qui sonne dans une bonne
partie juste» et qu'il «réside dans les
remèdes qu'ils prétendent y apporter».
Après cette franche reconnaissance de la
proximité des points de vue avec les
propagandistes atlantistes, suivent des
conseils qui pourraient éviter les
«mauvais remèdes». C'est-à-dire que
l'agression en elle-même pourrait, selon
nos «marxistes» en délire, être menée
dans le seul intérêt du peuple syrien,
grâce à leur pression. Et ils y vont :
«Nous disons fermement, quant à nous,
qu'une intervention militaire de l'Otan,
de l'Union européenne, de la France et
des USA n'est pas une solution réaliste,
souhaitable et soutenable», sans plus et
sans que cette intervention soit
dénoncée dans son principe, ne serait-ce
que du seul point de vue de faire
barrage à l'agression. Ici
l'avertissement est tordant : «Le remède
risque d'être créateur de beaucoup
d'autres maux et d'autres massacres». Il
est donné en comparaison de l'aventure
libyenne, implicitement légitimée, du
fait que «la Libye (était) un pays
militairement faible, faiblement
peuplé», au contraire de la Syrie «pays
nettement plus densément peuplé, société
multiconfessionnelle et multiethnique»,
qui «risque de produire des conséquences
très différentes». Sinon, pourrait-on
ajouter, les bombardiers auraient pu y
aller et installer à Damas les
prétendants dûment listés par Hillary
Clinton.
Article publié sur
Les Débats
Copyright ©
2001-2011- MAHMOUDI INFO Sarl - Tous
droits réservés.
Reçu de l'auteur pour publication
Les analyses d'Ahmed Halfaoui
Le dossier
Algérie
Les dernières mises à jour
|