Opinion
Le triomphe sans
péril
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 6 mai
2012
On se souvient de la grandiloquente
cérémonie organisée au profit du
porte-avion le "Grand-Charles", le
navire amiral, à son retour à Toulon,
après avoir servi jusqu'au bout de ses
forces l'opération "Protecteur unifié"
et avoir contribué à la "révolution"
contre Mouammar Kadhafi. Jeudi 3 mai, on
remet cela, en l'honneur, cette fois-ci,
de la base aérienne (BA) 126 de Ventiseri-Solenzara, en Haute Corse
(France) qui a connu d'émouvants
moments, pleins de souvenirs sur de
hauts faits d'arme. C'était le premier
anniversaire de l'opération "Harmattan".
Pour ceux qui ont oublié, il s'agit du
nom de code de la participation
française à la périlleuse guerre contre
la Libye. C'est ce qui vaut à la BA 126
de recevoir tout l'hommage qui lui est
dû. Sur le tarmac, un emblème, le
Transall Gabriel, cet avion
franco-allemand de haute technologie,
redoutable dans la guerre électronique,
témoignait de ses huit mois d'intenses
décollages et atterrissages. Les hommes,
pleins de souvenirs, ne cachaient pas
leur émotion de s'être distingués quand
il l'a fallu. Le colonel Gilles
Villenave. Commandant de la base pendant
l'opération, était de ceux-là. Il
restitue, sans se faire prier, les
glorieux moments qui ont été vécus : "
je gardais en mémoire ce que j'avais
vécu en Bosnie et en Irak, j'attachais
donc personnellement beaucoup
d'importance à l'accueil des pilotes au
retour des missions. Ils étaient dans un
état psychologique très solide. J'ai
également été marqué par la montée en
puissance de notre base disponible 24
h/24 h (…) Il y avait une telle
adrénaline que j'avais l'impression que
l'on pouvait tenir plusieurs jours sans
dormir et en travaillant de manière
efficace ". A l'entendre, il y avait de
quoi être dans cet état. L'armée
libyenne ce n'était pas rien, même s'il
ne fallait que larguer ses chargements
de bombes, sans risquer un seul tir de
DCA. Il fallait chercher où elle se
cachait, il fallait à tout prix tuer
quelques soldats pour que l'exclusivité
n'aille pas aux civils qui, en principe,
devaient être "protégés" et puis il y
avait, par-dessus tout, le test de
l'efficacité du matériel et l'évaluation
de son comportement. Ce qui n'est pas
une mince affaire et qui autorise
amplement de bomber le torse et
d'afficher sa fierté, comme n'a pas
manqué de le faire le général Palomeros
qui déclare que la BA 126 " sait et
saura encore répondre demain aux
rendez-vous que lui fixe l'Histoire".
Surtout, aurait dû-t-il ajouter, quand
il s'agit de refaire des opérations à la
libyenne, car pour d'autres on ne sait
pas encore. Le commandant de la base
rappelle, à ce sujet, que la "base a été
concernée par trois opérations en quinze
ans, en Bosnie, au Kosovo et en Libye ".
Ce dernier pays l'a conforté "en tant
que site stratégique et point d'appui
d'importance vers le sud". Une façon,
peut-être, de tempérer l'enthousiasme
des troupes, en précisant l'aire
géographique des terrains
d'intervention. Car les vraies guerres,
où on reçoit des coups et plus, cela
existe aussi. Chose qui risque d'être
oubliée, si on prend l'habitude d'aller
au " tir au pigeon" contre les
Africains.
Article publié sur
Les Débats
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