Opinion
Syrie : victimes
contre victimes
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 5 septembre 2013
Les principaux auteurs des principaux
massacres de l’histoire récente, les
bandits planétaires, drapés dans les
oripeaux d’une légalité internationale
qu’ils piétinent tous les jours, sont à
pied d’œuvre pour entraîner l’humanité
dans une aventure dont l’issue est des
plus sombres. Enfourchant cyniquement
les principes les plus nobles ils ont
commencé à semer mort et désolation. Et
leur danse macabre autour de la Syrie
confirme qu’ils ne renonceront pas de
sitôt à aller jusqu’au bout de leur
logique meurtrière. Nous devons donc
intégrer cette réalité que l’avenir
s’annonce très tourmenté pour les
« petits pays », transformés les uns
après les autres en proies, au prorata
des sordides intérêts des
multinationales et des spéculateurs du
marché mondial. Tous les moyens sont
bons et les règles morales les plus
élémentaires sont balayées sans
vergogne. Dans les jours qui viennent,
peut-être, les missiles de l’OTAN vont
exploser sur Damas et d’autres villes
syriennes, pour « punir » le « régime ».
Tant pis si la « punition » va faire
encore plus de victimes que celles que
le « régime » aurait tuées selon la
décision des « justiciers ». Et ils s’y
préparent activement. Leurs médias nous
rapportent que « des
Syriens favorables au régime de Bachar
Al-Assad »
vont se constituer en boucliers humains
pour protéger les sites visés par
l’éventuelle attaque étatsunienne. S’ils
meurent sous le feu dévastateur des
Tomahawk c’est déjà bien fait pour eux
et puis ils ne sont pas de bons Syriens,
du moins pas des Syriens comme les
autres. Même si d’après une récente
étude de la CIA, ils sont 70% à être
dans ce cas, à être « favorables au
régime de Bachar El-Assad ». En matière
de préparation psychologique au carnage,
il y a aussi des « opposants
basés à Istanbul » qui disent que
des roquettes, des missiles Scud et des
engins lanceurs sont installés dans des
écoles et des cités universitaires. Là
aussi l’opinion publique est avertie. Si
le feu du ciel touche ce genre
d’établissements ce sera de la faute du
« régime » et non pas de ceux qui se
sont donnés le droit de bombarder un
pays souverain, sous le prétexte de
venir au secours d’un peuple
qui ne leur a rien demandé. «
Ce
que nous envisageons est quelque chose
de limité.
C’est quelque chose de proportionné.
Cela affaiblira les capacités d’Assad
»,
révèle le président des Etats-Unis,
dévoilant les véritables objectifs de
l’intervention. Car il s’agit de passer
à une autre phase de la « révolution »,
celle qui a précédé n’a pas donné de
fruits, puisque le peuple syrien, de
toute évidence, n’a pas beaucoup voulu
révolutionner au gré de ses « amis » qui
n’ont ménagé aucun effort pour le
fournir en « révolutionnaires » avec
leurs armes et leurs bagages. Des
« révolutionnaires » dont on ne se
préoccupe plus de savoir ce qu’ils
peuvent bien penser des libertés et de
la démocratie, comme ils semblaient les
représenter au début de l’affaire. Nous
n’en sommes plus là. Surtout que la
machine médiatique a fini par ne plus
avoir de prise sur les consciences,
qu’elle a tellement malmenées et
déroutées qu’elles ne lui accordent plus
aucun crédit.
Article publié sur
Les Débats
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