Opinion
Libye : la
révolution en cours
Ahmed Halfaoui
Vendredi 5 août 2011
Une
révolution est bien en cours en Libye.
Mais c'en est une qui n'a rien à voir
avec ce qu'avaient escompté les
apprentis sorciers, avec leurs
hommes de main, le CNT de Benghazi. La
criminelle coalition arabo-occidentale a
eu le mérite de donner l'occasion au
peuple libyen de sortir de sous la chape
de l'oligarque Mouammar Kadhafi et
d'étaler la puissance que peut
développer un peuple que l'on veut
asservir. On savait que mis à part la
dictature politique et idéologique, les
Libyens ne souffraient presque pas des
restrictions économiques qui affectent
de nos jours les populations de ceux-là
qui sont venus lui proposer une
«révolution» à leur convenance. On sait,
maintenant, qu'ils ne laisseront
personne leur dicter ce qu'ils veulent
chez eux, et encore moins permettre sans
se battre, au banditisme mondialisé de
venir prendre leurs richesses. Les
colonialistes ont vu trop court et ont
cru trop vite, en voulant organiser un
un contre-feu «révolutionnaire»,
éviter ce qui est en train de leur
arriver en Egypte. Ils ont osé penser,
dans le mépris qu'ils ont pour les
«indigènes», qu'ils pouvaient bricoler
une insurrection victorieuse. Ils en
étaient tellement assurés que des chefs
de grandes puissances censés mesurer
leurs discours ont donné quelques heures
ou quelques jours à l'affaire. Elle
aurait été bouclée avant qu'on ne puisse
souffler. Il faut dire qu'ils ont mis
les moyens qu'ils croyaient efficaces. 6
mois de bombardements massifs contre un
peuple et ses infrastructures. Une
connivence inédite du formidable arsenal
médiatique dans une extraordinaire
campagne de désinformation et de
propagande. La paralysie de toute
velléité de soutien extérieur. Un
massacre en vase clos, sans images en
dehors de celles de l'archaïque réseau
libyen. Le résultat est sidérant. La
force incarnée a été obligée de
reconnaître son impuissance. Kadhafi
n'était plus le problème, mais ce peuple
qui résiste, qui crie sa colère et qui
reste debout, que Kadhafi est astreint à
suivre, en attendant la fin de l'orage.
Ce peuple qui n'a pas figuré dans les
calculs des Think Tanks de la guerre
démocratique et qui s'est transformé en
cauchemar pour les cancres ès
révolution. L'arrogance a cédé la place
à la débandade et à la quête d'une porte
de sortie. L'Union Africaine est appelée
à la rescousse, des ordres ont été
donnés aux supplétifs pour recourir à
ses services, afin de sauver la face et
ce resterait à sauver. Quand il est
surtout question du sort de malfrats qui
doivent être jugés pour leurs exactions
à Benghazi et ailleurs en Libye. In
fine, les contrats juteux du dictateur,
qu'on voulait déchoir, seront amèrement
regrettés, quand il faudra affronter un
peuple qui n'a pas affronté l'OTAN pour
rien et qui a pris Kadhafi en otage en
réponse à la grossière ingérence. On
pourrait traduire ainsi le message
adressé aux agresseurs : «Vous voulez
Kadhafi, vous ne l'aurez pas, car en
vérité, à travers lui, c'est nous
que vous voulez. Alors, nous allons en
faire notre étendard pour vous signifier
que c'est nous qui décidons de ce qui
est bon pour nous. Nous vous le disons,
nous vous apprenons que, quel
qu'en soit le prix, nous ne vous
laisserons pas prendre notre pays».
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Publié le 5 août 2011 avec l'aimable
autorisation de l'auteur.
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