Opinion
Au nom des maîtres
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 4
septembre 2011
Une
«révolution» offerte sur un tapis de
bombes. Qui dit mieux ? Sous le tapis
agonisent, ici et là, des centaines
d'enfants, de femmes et d'hommes, que
personne ne peut aller dégager des
décombres qui les recouvrent, sauf à
risquer de les rejoindre. Un appel a été
lancé il y a trois ou quatre jours de
Syrte. Il est inutile de le chercher
dans les colonnes de la grande
presse démocratique. Elle ne s'intéresse
pas à ce côté des choses. Comme elle ne
s'est pas intéressée à ces milliers
d'Africains noirs de peau torturés et
assassinés par les «révolutionnaires»,
enfants chéris de la «communauté
internationale», pour le simple fait
qu'ils soient Africains et noirs. Il
n'en a pas été question à la conférence
des «amis de la Libye» où il a surtout
été question de «terminer le travail»,
car c'est bien d'un travail qu'il
s'agit. C'est le ministre français des
Affaires étrangères qui le dit : «C'est
nous, la France et la Grande-Bretagne,
qui avons fait le job». Et le travail va
continuer parce qu'aux dernières
nouvelles les Libyens, ceux qu'on ne
voit ni sur Aljazeera, ni sur France 24,
ni sur aucune chaîne de télévision,
entendent toujours ne pas se laisser
faire par ceux qui veulent les
démocratiser. Les autres, les
«révolutionnaires» ont donc demandé que
le tapis soit bien déroulé et que l'OTAN
reste plus longtemps, car ils se sentent
toujours en danger, malgré la «victoire»
affichée partout. Ceci, quand tout le
monde croyait qu'il s'agissait
juste de les protéger des avions de
l'armée libyenne. On n'a pas vu l'ombre
d'une aile d'aéroplane, en dehors des
Tornado, Rafale, Apache, qui ouvraient
les pistes devant la marche télévisée
des «rebelles». Ce n'était pas prévu
dans la résolution 1973 de l'ONU, mais
qu'importe. On se demande même pourquoi
les affréteurs de bombardiers se sont
donnés la peine de s'encombrer de cette
organisation. Pour ne pas gêner les
rédacteurs pétromonarques peut-être. Si
nous faisons les comptes, cette
«révolution» va faire date dans
l'Histoire. Dans le ciel les meilleures
armes au monde, au sol les meilleures
forces spéciales au monde et, selon le
journal pakistanais «La Nation», des
djihadistes chevronnés de la guérilla
recrutés par la CIA à Mazar-e-Sharif en
Afghanistan (Ouzbeks, Hazaras et
Perses), en tant que rebelles sous-
traitants. Elle n'est pas belle la vie ?
Et puis tous ces palais ouverts dans les
capitales les plus huppées de la planète
et cette attention de tous les instants
des grands de ce monde. Combien de
révolutionnaires en rêveraient. Les gars
de Benghazi ont eu ce privilège, une
première. Et bien plus
encore, ils n'y sont pas encore, même
pas mis les pieds à Tripoli «libérée»
qu'ils menacent l'Algérie de derrière
les épaules des résolus 1973. Ils
peuvent se le permettre, ils ont des
porte-parole qui n'ont pas attendu
l'appel pour s'offrir en courtisans
attentifs à leur moindre saute d'humeur
qui tapent, de toute la force que leur
permet leur rage de se faire
reconnaître, par procuration, par les
maîtres du monde, sur un pouvoir qui
tergiverse sur le fait de s'aligner
maintenant ou plus tard.
Article publié sur
Les Débats
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