Opinion
Les droits de
l'homme à la une
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 4 août
2012
Jamais les
droits de l'homme n'ont été autant mis à
mal depuis la fin des colonialismes,
mais jamais ils n'ont été autant
«défendus» que ces dernières années.
Jamais les maîtres du crime contre les
peuples n'ont développé un tel
acharnement dans la «défense» de
l'humanité que depuis qu'ils ont décidé
de tuer en son nom. Jamais des militants
des droits de l'homme n'ont eu une telle
consécration internationale et jamais
ils n'ont disposé de tels moyens pour se
faire entendre. Comme dans la nature,
ils ont commencé à pulluler à la faveur
d'un environnement qui encourage
l'accroissement des effectifs et qui
élimine les déperditions. Ces militants
des droits de l'homme sont d'un genre
particulier, ils luttent contre les
droits de l'homme. Dès que la campagne
de recrutement s'est ouverte, ils se
sont rués vers les places offertes. A
coups de millions de dollars, des
officines ont ouvert des postes d'emploi
dans un grand nombre de pays. Elles
prennent en charge les frais de premier
établissement, les salaires, les frais
divers, les visas, les voyages, la
technologie, la formation, la protection
judiciaire et politique et les moyens
publicitaires. Au bout de l'effort, une
toile d'araignée couvre la planète et
rares sont les pays, hors pays de
l'OTAN, où l'on ne trouve pas un organe
ou des individus avec la patente
«certifiée» et «labellisée» au nom des
«droits de l'homme». Leur travail est
très simple. Ils disposent de modes
opératoires standardisés qu'ils ne
doivent pas mettre en œuvre sans qu'ils
soient activés. Selon les objectifs,
l'activation peut inciter à des actions
de plus ou moins grande ampleur. Il peut
s'agir de manifestations pour mettre à
mal les gouvernements visés, tout en
restant dans les limites de la légalité
en vigueur, comme il peut s'agir de
mouvements de grande ampleur susceptible
de déstabiliser un pays ou même de
provoquer une spirale de violence qui
doit aboutir au démantèlement du pouvoir
en place, au risque d'un chaos
dévastateur. Cette activation est bien
sûr coordonnée avec une mobilisation
médiatique adaptée à la nature des
résultats recherchés. En Ukraine, par
exemple, il s'agissait d'imposer des
«pro-occidentaux» contre des
«pro-russes». En Syrie, il s'agit de
«changer» le «régime». Dans le premier
cas, le processus s'est contenté de
manifestations de rue, largement
soutenues et couvertes par les grands
bouquets de télévision. Dans le second
cas, il fallait pousser à la violence
armée et appeler à l'intervention
militaire de la «communauté
internationale». La conséquence
fondamentale de cette situation réside
dans la marginalisation, voire la
neutralisation des mouvements
populaires, qui ne trouvent plus
d'espaces d'expression ou qui se voient
débordés, s'ils arrivent à se construire
suffisamment pour pouvoir peser et se
faire entendre. L'actualité nous en
livre la démonstration. En Syrie,
l'alternative démocratique et sociale a
été balayée au profit d'une dynamique,
dont les seules issues sont soit une
longue période de violences terroristes
et contre-terroristes, soit la chute
chaotique du gouvernement avec les
risques de guerre de tous contre tous,
soit une reprise en main par Bachar Al Assad qui repoussera très loin dans le
temps l'institution d'une société
ouverte.
Article publié sur
Les Débats
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