Opinion
Syrie : le dépit
des «coalisés»
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 4 février
2013
Il n'y a
plus besoin de rappeler qu'Israël peut
tout se permettre, bombarder ses
voisins, massacrer par milliers des
civils, sans que cela lui coûte quoi que
soit, en termes de réactions des
gardiens de la «légalité
internationale», des «droits des
peuples» et des «droits de l'homme».
Mieux pour lui, ils qualifient ses
crimes d'exercice de la «légitime
défense». C'est fort de cette impunité
assurée par les Etats-Unis que l'entité
sioniste est allé détruire un centre de
recherche en Syrie. La presse des pays
«démocratiques», comme d'habitude, a
couvert à sa façon l'exaction. Imputant
au «régime syrien» les causes de
l'attaque, se référant à des sources
anonymes qui lui auraient soufflé que
l'attaque visait un convoi d'armes
destinées au Hezbollah libanais. Tant
pis pour l'objectivité, nous savons
depuis longtemps que de ce côté, il ne
s'agit plus d'information mais de
propagande. Par contre, il est utile de
s'intéresser à l'attitude de cette
«coalition de l'opposition», désignée
«représentant légitime du peuple syrien»
par la «communauté internationale», qui
avait attribué auparavant le même label
à un Conseil de transition, aujourd'hui
remisé. Loin de s'en prendre au régime
sioniste pour atteinte à leur pays, les
«coalisés» exploitent l'agression dans
leur argumentaire en faveur de la
destruction de la Syrie par l'OTAN. A la
limite du sarcasme, ils s'adressent à
ceux qui en ont fait ce qu'ils sont :
«Cet épisode met en tout cas à mal
l'argument, utilisé au début du conflit
par ceux en Occident, qui s'opposaient à
la mise en place de couloirs
humanitaires ou de zones d'exclusion
aérienne», fait valoir Ziad Majed. «On
disait la force anti-aérienne syrienne
trop puissante. Il semble que les radars
syriens n'ont même pas repéré les
chasseurs israéliens.» Le vocabulaire
est des plus choisis, comme on peut le
remarquer, le même que celui utilisé par
les Sarkozy, Cameron et autres
néocolonisateurs, quand il a fallu
justifier la tragédie libyenne. Il
suffisait d'aller le pêcher dans les
discours et les textes onusiens qui ont
légalisé les tapis de bombes devant
l'avancée des «révolutionnaires». En
passant, l'attaque de l'aviation
sioniste est réduite à un «épisode».
Nous comprenons dès lors que l'intérêt
du pays est le moindre des soucis et que
l'objectif est de se faire installer à
Damas, comme cela s'est produit pour le
CNT à Tripoli. D'où cette propension à
refuser toute négociation ou toute voie
démocratique pour ne compter que sur une
intervention étrangère. Alors qu'il est
devenu patent qu'une telle issue ne peut
conduire qu'à l'éclatement du pays en
factions et en communautés et au chaos
dévastateur. Mais n'est-ce pas là un
objectif inavoué ? Quand le peuple
syrien, le vrai, pas celui qui se
fabrique dans les médias et dans leurs
mensonges, n'aspire plus qu'à la
fraternisation et au règlement pacifique
des divergences qui ont conduit une
partie des Syriens à prendre les armes
et à l'intrusion massives de bandes
armées téléguidées par les
pétromornarchies, soucieuses de profiter
de l'occasion pour élargir leur
influence. A la faveur de la stratégie
de remodelage du Moyen-Orient selon des
contours arrêtés à Washington.
Article
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