Opinion
L'insoutenable
mépris des faits
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 3 octobre
2011
Lisons ce
morceau de dépêche, du 29 septembre, de
la très respectable agence Reuters :
«Sur les cinq autres fils de Mouammar
Kadhafi, deux se sont réfugiés en
Algérie, un aurait été tué dans les
combats et on ignore où se trouvent les
deux autres, dont Saïf al Islam».
Arrêtons-nous sur ce passage : «Un
aurait été tué dans les combats». Il
s'agit de Seif El Arab Kadhafi tué par
des missiles de l'OTAN avec ses trois
enfants. Deux mensonges, le premier est
ce cynique conditionnel quand sa tombe
vient d'être profanée par les «nouveaux
maîtres de Tripoli», le second est qu'il
a été tué chez lui et qu'il n'a jamais
porté les armes. Inutile de juger de ce
concentré de déni d'humanité, fusse à
l'égard de la descendance de l'ennemi
diabolisé de l'Occident «démocratique».
Le jugement n'est pas de mise, car les
dizaines de milliers de civils massacrés
de la même manière témoignent de la
barbarie, sans cesse prouvée, du
colonialisme vis-à-vis de toute infra
humanité qui se dresse contre ses
projets. Mais, il s'agit d'une agence de
presse, d'un organe d'information. Là,
il y a tous les droits de demander des
comptes. Du moins, tant que Reuters et
ses semblables n'ont pas changé de
vocation et ne se sont pas
officiellement convertis en centres de
propagande au service de la conquête de
la Libye. L'agence a commis son texte
pour rapporter qu'Interpol (la police
internationale) a annoncé avoir émis une
«notice rouge» pour demander à ses 188
pays membres l'arrestation de Saâdi
Kadhafi. Interpol obéit à un mandat
d'arrêt lancé par le «parquet» du
CNT/OTAN. Les chefs d'accusation
seraient «détournement présumé de biens
par la force et l'intimidation par les
armes à l'époque où celui-ci dirigeait
la Fédération libyenne de football» et
participation «à la répression de
manifestations de civils durant le
soulèvement en Libye». Là, se concrétise
la mise au service de l'agression de
tous les appareils inféodés à
l'entreprise de mise sous coupe réglée
de la planète. La CPI, cette cours pour
indigènes, avait déjà manifesté sa
disponibilité à concourir à la
domestication du peuple libyen.
L'opinion doit se suffire des
déclarations et des suppositions du camp
qui mène la guerre. Elle n'a pas droit à
un dossier minimal qui comporterait les
preuves à charge contre les personnes
«recherchées». Parce qu'il est surtout
question de menacer tout pays qui aurait
la velléité d'accueillir ou de soutenir
ces gens qui s'opposent à l'occupation
de leur pays. A ce propos, le CNT/OTAN
doit regretter amèrement de ne pas avoir
criminalisé Aïcha Kadhafi. Ça a dû
échapper à ses «stratèges» en
diabolisation. En attendant, les crimes
des bombes et des milices de l'OTAN
balayés des images restent indemnes de
poursuites, quelles qu'elles soient.
Même Human Rights Watch (HRW), qui
signale les arrestations arbitraires et
les mauvais traitements (c'est un
euphémisme pour viols, tortures,
égorgements), ne se préoccupe pas de la
détresse de ces millions de gens soumis
depuis plus de sept mois aux féroces
bombardements. Il est vrai que ceux-là
n'existent pas en tant que civils, mais
en tant que «pro-Kadhafi». Notons que
HRW parle de milliers de victimes, chose
que Kadhafi devait faire et que l'OTAN
aurait empêchée.
Article publié sur
Les Débats
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