Opinion
Libye, on n'en
finit pas encore
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 2 juin
2013
«La
vieille Libye me manque, la Libye qui
sait pardonner, la Libye généreuse et
unie» a dit, la larme à l'œil, Mohamed
Al-Megaryef, le président de ce Congrès
général national libyen, élu on ne sait
comment et représentant on ne sait qui.
Le monsieur a été contraint de
démissionner par la force des armes. Les
«révolutionnaires» ont jugé qu'il devait
s'en aller, parce qu'avant de rejoindre
la «révolution», il a occupé un poste
sous Mouammar Kadhafi, tout comme ces
membres du CNT qu'on nous a baladés
durant des mois, de perron en perron de
palais présidentiels, en tant que
«représentants légitimes» du peuple
libyen. Il s'en va en regrettant la
vieille Libye. Celle d'avant l'OTAN,
aurait-il dû préciser. Mais, il n'a pas
osé le dire, car ce serait reconnaître
qu'il a été berné par l'OTAN
«révolutionnaire», qui organisait plutôt
le chaos que la démocratie avec ses
bombardiers, ses services secrets et ses
forces spéciales. Voilà où nous en
sommes et les «démocratiseurs» ont soit
disparu, soit font comme s'ils n'y sont
pour rien dans la tragédie qui frappe
les Libyens. Plus d'un aimerait qu'ils
reprennent leurs virées surmédiatisées
avec les «thouar», ces "démocrates
assoiffés de liberté», juste pour nous
renseigner si ce sont les mêmes qu'ils
ont exhibés devant les caméras, en tant
que promesse d'une ère nouvelle versus
la dictature. Mais on n'en est plus là.
Il est aujourd'hui question de renvoyer
l'OTAN terminer un travail qu'elle
n'aurait pas fini. C'est François
Hollande qui en parle. «C'était à la
communauté internationale d'être
beaucoup plus présente y compris par des
forces sur place», dit-il. Pour le
moment, il reste tout de même prudent.
En tant que satellite, il ne peut trop
s'avancer, même s'il entrevoit une
opportunité. Il commence par une phrase
devenue un classique du genre, quand il
s'agit de se préparer à civiliser les
indigènes. La voici : «Il y a des règles
pour toute intervention française, nous,
nous intervenons dans la légitimité que
nous confèrent les résolutions de l'Onu
et dans aucun autre cadre.» Pour ajouter
: «Nous devons donc avec les autorités
libyennes, et seulement elles, voir
quelle coopération nous engageons pour
mettre hors d'état de nuire ces groupes
terroristes.» Ainsi, on y est pas
encore, mais on y vient quand même.
Comme pour le Mali, il suffirait que ce
qui fait office d'autorité en Libye se
manifeste en faveur de la chose. Sauf
que le pari est plus risqué pour des
«autorités», dont la CPI pense qu'elles
«n'ont pas été en mesure d'obtenir le
transfert de M. Kadhafi (Seif Al-Islam)
à la garde de l'Etat». L'intéressé est
détenu par l'une des centaines de
milices qui écument la Libye, exercent
le véritable pouvoir et font régner
leurs propres lois. De plus, elles
symbolisent toujours la «révolution»,
tant les images de ces combattants –
hilares tirant à tout-va sur on ne sait
quoi, dont a été abreuvé durant des mois
l'imaginaire de milliards de personnes –
sont présentes. Il serait mal venu, en
principe, de revenir les mater, même si
cela serait bien de leur rappeler qui
leur a fait leur «révolution».
Article publié sur
Les Débats
Copyright ©
2001-2011- MAHMOUDI INFO Sarl - Tous
droits réservés.
Reçu de l'auteur pour publication
Le sommaire d'Ahmed Halfaoui
Le dossier
Libye
Les dernières mises à jour
|