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Opinion
Le sionisme moribond
Ahmed Amri
Samedi 16 octobre 2010
Deux plaintes déposées en moins d'une semaine contre Souhail
Chiha, enseignant et chercheur à l'ULB, l'une pour
"antisémitisme", l'autre pour "incitation à la haine raciale".
En parallèle, une campagne de diffamation des plus féroce contre
ce même homme sur internet et les journaux belges. A quoi
ajouter des pressions sur les autorités académiques de l'ULB en
vue de briser sa carrière. Et des lettres anonymes sans nombre
où foisonnent les menaces et les insultes. Et la cerise sur le
gâteau: une tentative de meurtre à l'arme blanche visant sa
personne.
L'arme des
lâches est partout la même: intimidation, calomnies, cabales,
coups bas. Et les sionistes ne s'embarrassent pas d'en user et
"abuser" même avec les "mauvaises graines" juives, que ce soit à
l'intérieur d'Israël ou à l'extérieur. Cette hargne contre les
antisionistes où qu'ils se trouvent ne peut et ne doit que
consolider le front des pacifistes de tous les pays,
intellectuels ou simples citoyens, dans cette bataille des plus
juste et noble pour le droit palestinien. L'issue de
l'affaire Alima et Omar en France retentit encore de ce
camouflet donné aux "redresseurs de torts antisémites",
lobbyistes d’Europe et leurs commanditaires en Israël. La
mascarade n'est pas terminée, certes, puisqu'il y a encore 79
procès à suivre. Mais l'élan de solidarité qui a précédé et
accompagné ce premier procès, les papiers écrits, les
déplacements individuels et en groupes pour assister au procès
ou manifester devant le tribunal, toutes les initiatives
concertées ou spontanées en marge de cet évènement témoignent,
au delà de la responsabilité citoyenne de leurs auteurs, de ce
sentiment de ras-le-bol qui se propage en Europe et ne fait que
grandir. Ce qui semblait tenir, il y a quelques années
seulement, d'un vent de
sédition intellectuelle sans conséquence, circonscrit
dans le cercle de l'élite, se révèle, jour après jour, d'une
ampleur plus inquiétante pour les sionistes. Le vieux sentiment
de culpabilité européenne à l'égard des juifs persécutés par les
nazis ne trouve plus d'adhérents chez les nouvelles générations,
d'autant plus que les victimes d'hier sont aujourd'hui des
victimaires. La litanie de l'holocauste, confrontée aux crimes
en live, au fleuve de sang arabe et palestinien qui, de Deir
Yassine à Gaza, en passant par Sabra et Chattila, Jenine et
Kana, sans compter les tueries moins tristement notoires ni les
assassinats de chaque jour, n'a jamais tari ni connu la moindre
décrue, confrontée aux destructions quotidiennes perceptibles
sur tous les écrans, aux humiliations sans nombre de femmes,
d'hommes et d'enfants dont les photos égayent les héros du
Tsahal et leurs fans, confrontés au vol des terres et des
maisons, à l'expropriation de tout un peuple au profit d'un
autre, tel holocauste a perdu son aura de sainteté et sa
crédibilité. L'effet anesthésiant que ce mot magique avait
autrefois sur les vieilles générations européennes et qui
permettait aux apôtres du sionisme de couvrir ou de faire
absoudre les crimes de leur État en Palestine ou dans les pays
limitrophes est aujourd'hui sans prise aucune sur les
générations nouvelles. Libérées de ce croque-mitaine qui ne
tient plus face au sang palestinien, ces générations se
désolidarisent de plus en plus de leurs prédécesseurs pour
rallier le camp de la justice et du droit. Et cette attitude
antisioniste qui est en passe de devenir un trait de la nouvelle
culture européenne, en même temps qu'un signe identitaire de
tout projet de politique
autrement, touche toutes les catégories sociales, pour
autant que celles-ci soient informées. On peut en mesurer
l'étendue sur la toile, sur les réseaux et les forums: les
citoyens connectés à ce
vent et impliqués dans son souffle ne sont plus seulement que
des intellectuels ou une poignée de politiques réfractaires à la
vieille doxa du continent. La contagion antisioniste paraît
n'épargner personne, et qui mieux est, se répandre à l'intérieur
même d'Israël.
N'en déplaise aux bons apôtres,
l'épidémie ne fait que commencer. Et le vaccin comme le remède
font défaut. Aucun laboratoire ni savant sioniste, quels qu'en
soient les compétences, ne pourront inventer la pilule qui soit
capable d'endiguer la pandémie mondiale ou d'en guérir les
personnes atteintes. Car le mal n'est ni en Europe ni chez les
intellectuels ou les antisionistes en général, mais là où le
sionisme a construit ses murs et ses colonies, là où il a usurpé
la terre palestinienne, là où il a fondé Israël. Tant que le
foyer initial du virus est là, ni les armes, les assassinats, le
terrorisme d'État sous toutes ses formes ni le mensonge ne
pourront enrayer le mal ou guérir les malades. Et tant pis si
les sionistes ne l'entendront pas de cette oreille!
Ce front qui
unit Juifs, Arabes, Européens et d'autres combattants pour la
paix, dans le reste du monde, aura raison du sionisme. Les
actions de soutien à BDS et aux victimes des procès sionistes
devront être reconduites et consolidées pour les
rounds à venir. En France comme en Belgique ou ailleurs, là où
nous pouvons marquer notre présence, boycotter ou faire
boycotter un produit israélien, écrire un mot, transmettre une
info, rallier un nouveau défenseur de la liberté de pensée et
d'expression, dénoncer cette terreur aveugle qui vise des femmes
et des hommes intègres, usons de la moindre parcelle accessible
sur Internet ou ailleurs pour offrir le maximum de créneaux à la
cause qui nous rassemble. Et en aucun cas, autant que possible,
ne laissons pas seuls sur le terrain les sionistes. Car, et ce
que je vais dire n’est pas un optimisme de pacotille, tout porte
à croire que le vent de révolte qui souffle des cinq continents,
et de l’Europe en tête, sur le sionisme et ses fondements n'est
pas passager. Une nouvelle conscience universelle émergeant au
jour depuis la dernière guerre contre le Liban et consolidée par
le siège puis la guerre contre Gaza est en train de se dresser
partout à la face du sionisme. Et les sionistes le savent bien,
qui multiplient les fuites en avant et les faux-pas, répondent à
l'argument percutant par les huées et les sifflements, la
calomnie et la cabale, la menace anonyme et le couteau brandi,
et ameutent en toute circonstance leurs chiens de garde pour un
"oui" ou un "non" n'allant pas dans le sens qui les réconforte.
Ces sionistes savent que les
jours de leur doctrine supposée les protéger mais se révélant
piège mortel pour eux sont d’ores et déjà comptés.
Armés de cette foi
fondée autant sur l’histoire du colonialisme et de l’apartheid
et les signes d’un ras-le-bol humain face aux crimes incessants
du sionisme, disons-le sans ambages : tôt ou tard, et plutôt tôt
que tard, nous finirons bien par caser ce monstre moribonde
là où il ne fera plus de mal ni aux Palestiniens ni aux
Juifs ni aux citoyens du monde. Dans le musée de
l'histoire.
Article publié sur le blog d'Ahmed Amri
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