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Peacenow
Ce
que j'ai vu à Modi'in Illit
Hagit Ofran*
La colonie de Modi'in Illit
[Un
des nombreux témoignages sur ce qui se passe dans les territoires
occupés, à l¹insu de la plupart des citoyens israéliens. Mais
le témoin n'est pas n'importe qui : responsable de l'Observatoire
de la colonisation de Shalom Arshav, Hagit Ofran est
accessoirement la petite-fille du regretté Yeshayahou Leibowitz
(voir en bas de l¹article). Que ceux qui parlent continuellement
de « haine de soi » nous épargnent pour cette fois leurs
commentaires] NdT Shalom Arshav, 3 janvier
2008 http://www.peacenow.org.il/site/en/peace.asp?pi=61&fld=538&docid=2630 Depuis
longtemps, l¹équipe de l¹Observatoire de la colonisation de
Shalom Arshav informe sur la situation dans les territoires occupés,
afin que les citoyens israéliens sachent ce qui s¹y commet, en
leur nom et avec leur argent. Dans de nombreux cas, les demandes d¹information
officielles adressées aux instances gouvernementales ne donnent
pas grand-chose. Ainsi, notre équipe est forcée de se déplacer
dans les zones en question pour constater par elle-même toutes
les modifications éventuelles. A l¹occasion, l¹équipe doit
faire face à des menaces de la part des autorités et à des
violences de la part des colons. Ce qui suit est le témoignage de
ce que j¹ai vu aujourd¹hui à Modi¹in Illit. Le
contexte (témoignages oraux) : dans la colonie de Modi¹in Illit,
il existe un certain nombre d¹enclaves constituées de terres
dont sont propriétaires des Palestiniens du village proche de Bil¹in.
Ces enclaves sont entourées de clôtures, et il est interdit aux
colons d¹utiliser ces terres. Ce soir (mardi dernier), vers 20h,
des colons de Modi¹in Illit ont placé deux caravanes dans l¹un
de ces endroits interdits. Trois villageois de Bil¹in sont allés
constater le délit et ont appelé la police (qui a pris son
temps). Lorsque la grue et le camion transportant les caravanes
sont arrivées, les Palestiniens se sont couchés près des roues
pour empêcher le
déchargement. Ils ont alors été attaqués par des habitants de
Modi¹in Illit, qui les ont battus jusqu¹au sang, et qui ont brisé
l¹appareil photo et l¹équipement qu¹ils avaient sur eux. Quand
je suis arrivée sur les lieux quelques minutes plus tard, j¹ai
trouvé un rassemblement d¹habitants de Modi¹in Illit, un groupe
de soldats et deux officiers de police (Hagit Ofran donne les noms
et les numéros de
matricule). A leurs pieds gisaient, blessés, Mohammed et Abdallah,
de Bil¹in. Je me suis approchée d¹eux et ils m¹ont demandé d¹appeler
une ambulance. J¹ai alors appelé Magen David Adom (équivalent
de la
Croix-Rouge). Mohammed avait demandé à être transporté dans un
hôpital israélien, et j¹ai transmis sa demande aux infirmiers
et aux policiers, mais ils m¹ont répondu que je n¹avais pas à
leur apprendre leur métier, et ont emmené les blessés au check
point. De là, ils ont été évacués vers un hôpital de
Ramallah. Les ambulanciers m¹ont hurlé que je me trouvais sur
leur chemin (je me tenais à une certaine distance des blessés et
ils ont dû se diriger vers moi pour me hurler dessus), et d¹arrêter
de prendre des photos. Les colons, les policiers et les soldats
qui entouraient les blessés m¹ont hurlé de ne pas m¹approcher,
de ne pas prendre de photos et de ne pas me mettre en travers de
leur chemin. Les soldats comme les policiers m¹ont constamment
priée de m¹éloigner des blessés, « parce que je constituais
une provocation. » J¹ai répondu que je resterais avec mes amis
blessés, mais, sous la pression des colons, les soldats et les
policiers ont continué à me repousser et ont menacé de me
mettre en état d¹arrestation. Entre-temps, une camarade m¹avait
rejointe et tentait de filmer toute la scène avec sa caméra vidéo,
mais elle a été agressée par les colons. Une femme du groupe
des colons lui a sauté dessus, l¹a poussée violemment et s¹est
emparée de sa caméra (restituée plus tard par la police).
Pendant tout ce temps, les colons m¹empêchaient de prendre des
photos. A un moment donné, j¹ai fait tomber de mon sac les
accessoires et les câbles de mon appareil photo. L¹un
des colons les a ramassés puis me les a remis, mais avant que j¹aie
pu les reprendre, quelqu¹un a dit : « Ne lui rends pas. » Je n¹ai
plus revu les accessoires. Les suspects : avant mon
arrivée, les blessés avaient désigné leurs agresseurs à la
police, qui les a placés en détention. Quelques minutes plus
tard, ils ont été libérés. J¹ai dit aux policiers qu¹il s¹agissait
d¹une agression grave et qu¹ils n¹auraient pas dû les libérer
sans enquête ni arrestation. Les policiers m¹ont répondu que
tant qu¹il n¹y avait pas de plainte de la part des victimes, ils
ne pouvaient pas procéder à une arrestation. Je leur ai dit : «
Mais les victimes sont blessées, elles sont en route vers l¹hôpital,
elles ne peuvent pas déposer une plainte tout de suite, et puis
elles se sont plaintes à vous quand elles ont désigné les
suspects, vous l¹avez vu. » Mais ils ont répondu : « Ils
doivent venir au commissariat pour déposer une plainte. »
Entre-temps, les policiers attendaient un officier. Quand il est
arrivé, il a libéré ceux qui étaient encore détenus. J¹ai
essayé d¹identifier les détenus dans la foule et photographié
quelqu¹un qui leur ressemblait, mais je ne suis pas sûre que ce
soit lui. L¹un des policiers m¹a promis que la police
obtiendrait les détails sur les suspects et qu¹elle me les
ferait parvenir. Super. Les caravanes : bien que la
police ait su depuis le départ qu¹il s¹agissait d¹un délit,
elle a laissé partir la grue et le camion qui transportait les
caravanes sans les immobiliser. En d¹autres termes, la clôture a
été brisée, la police savait et était présente, il s¹est
produit une agression grave contre les propriétaires de la terre,
mais la police a laissé les caravanes sur place. Des
fonctionnaires de l¹Administration civile sont arrivés sur les
lieux vers 22h, et ont photographié l¹objet du délit. L¹un de
ces fonctionnaires m¹a dit qu¹il s¹agissait de terres privées
et qu¹il était illégal d¹y placer des caravanes. Les blessés,
quand ils ont d¹abord été évacués au check point, ont été
rejoints par des amis israéliens qui les ont aidés. Plus tard,
ces amis sont retournés sur les lieux et sont restés toute la
nuit. Nous nous sommes rendu compte que, pendant ce temps, quelqu¹un
avait tailladé les pneus du véhicule de Shalom Arshav. Nous n¹avons
pas pu quitter les lieux. Nous avons attendu jusqu¹à 12h 30 pour
être remorqués. Les
dégâts : deux Palestiniens blessés à la suite d¹une agression
grave, deux pneus crevés, un remorquage et un véhicule de
remplacement, un appareil photo et des accessoires lumière
appartenant à un habitant de Bil¹in cassés, des accessoires
photo volés, deux caravanes sur une terre palestinienne privée. Sur
le racisme, la violence et les contradictions que j¹ai vus chez
les habitants d Modi¹in Illit, j¹en dirai davantage une autre
fois.
Désolée, tout cela est long et sec.
Hagit
* Hagit Ofran a remplacé Dror Etkes à la tête de l¹Observatoire
de la colonisation de Shalom Arshav. Elle est la petite-fille du
philosophe Yeshayahou Leibowitz. Sur Leibowitz, voir par exemple :
« Un prophète en son pays » (en deux parties : http://www.lapaixmaintenant.org/article380
et http://www.lapaixmaintenant.org/article379
) ainsi que des extraits d¹un nouveau livre du philosophe traduit
en français : http://www.lapaixmaintenant.org/article654.
Sans nous avancer trop, on peut penser que son grand-père aurait
été fier de Hagit. Trad. : Gérard
pour
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