Al -Quds Al-Arabi
Le
problème c'est Israël et non pas les roquettes
Abd-ul Bari Atwan
23/01/2008
Al-Quds Al-Arabi
La campagne médiatique israélienne se concentre ces jours-ci
sur les roquettes tirées par les brigades de résistance
palestinienne à partir de la bande de Gaza sur les colonies et
les communes juives du sud. Pour Israël, c’est la raison qui
justifie les massacres et le blocus criminel contre la bande de
Gaza. Les responsables israéliens disent clairement que le
blocus, les punitions collectives et les raids sanguinaires vont
continuer tant que les tirs des roquettes continuent.
Cette campagne bien orchestrée rappelle une autre campagne
similaire et avec les mêmes outils, une campagne qui a attaqué
les opérations martyres en cherchant par tous les moyens à les
incriminer et à les présenter comme le plus grand danger pour la
sécurité du citoyen israélien, et qui a mobilisé le monde
entier pour les arrêter.
Les roquettes palestiniennes ne sont pas du type Cruise ou
Tomahawk, comme le sont al-Abbas ou al-Hussein, mais simplement
des roquettes primitives inventées par le besoin et à cause de
l’indifférence arabe officielle, afin de vaincre des murs électroniques
en béton armé construits par les forces israéliennes tout au
long des frontières de la bande, dans le but d’empêcher toute
tentative d’infiltration de la part des brigades de résistance.
Et c’est exactement pareil que ce même besoin avait aussi
engendré les bombes humaines dans les années 90.
La campagne diabolique israélienne contre les bombes humaines
palestiniennes a réussi à les arrêter et à mobiliser les
gouvernements arabes et occidentaux pour les diaboliser, car ces
bombes ont terrorisé les israéliens et les ont empêchés de fréquenter
les discothèques, les casinos et les restaurants. Et maintenant
nous voyons des indices qu’une deuxième campagne similaire
contre les roquettes commence à être écoutée dans les milieux
des régimes arabes officiels, ou du moins de quelques uns. Ceci
est clairement reflété dans les articles de leurs auteurs [de
ces régimes] qui rendent ces roquettes, et non pas les pratiques
nazies israéliennes, responsables du blocus et des massacres dans
la bande de Gaza.
Monsieur Mahmoud Abbas, le Président de l’Autorité
Palestinienne à Ramallah, était le premier à se montrer positif
vis-à-vis de ces campagnes israéliennes, quand il a fait des déclarations,
hier soir, sur l’inutilité des tirs des roquettes, et, par conséquent,
de la résistance armée.
La question qui se pose est de savoir quelles sont les
alternatives disponibles pour les Palestiniens au cas où ils se
soumettent aux pressions officielles israéliennes et arabes, et
ils arrêtent complètement les tirs des roquettes, comme ils ont
arrêté les opérations martyres il y a plus de deux ans ?!
Le Président Abbas négocie avec les Israéliens depuis plus
de quinze ans, et précisément depuis qu’il avait inventé les
négociations secrètes d’Oslo. Quels sont alors les résultats
qu’il a obtenus grâce à cette attitude depuis ce temps là,
alors que c’était lui qui nous disait que les accords d’Oslo
aboutiraient à un état palestinien dans les cinq ans, et qui
avait demandé d’arrêter l’Intifada et tout acte de résistance,
afin d’être conforme à ces accords et de faciliter leur
application ?
Clarifions l’image un peu plus et rappelons à ceux qui
rendent responsables les tireurs de roquettes, et non pas les Israéliens,
du blocus de Gaza et de ses massacres, ceux là parmi les gens
raisonnés dans les deux camps palestinien et arabe, qu’une
dizaine de rencontres publiques ou privées entre le Président
Abbas et son homologue israélien Ehud Olmert, n’ont pas éliminé
une seule barrière parmi les six cents barrières dans la
Cisjordanie. Et que la participation à Annapolis sous les
conditions israéliennes et américaines et avec une importante présence
arabe, cela n’a causé le démantèlement d’aucune colonie
sauvage et n’a pu empêcher la construction dans les colonies légales
(autorisées par l’état sioniste et non pas par les lois
internationales, ndt).
Le mouvement Hamas a proposé plus d’une fois d’arrêter
les tirs de roquettes, et il a effectué des discussions avec les
autres groupes de résistance à ce sujet afin de parvenir à une
trêve, mais Israël a refusé toutes les offres à cet égard,
car il veut détruire la résistance complètement, et veut
ramener le peuple palestinien à son état précédent, c’est-à-dire
comme un peuple mendiant qui vit sur les miettes d’assistance de
la communauté internationale.
Le blocus de la bande de Gaza a mis à nu Israël et sa
barbarie, comme il a mis à nu le régime arabe officiel et la
complicité de ces chefs. Il a unifié l’opinion publique arabe
pour la première fois depuis l’invasion de l’Irak et a montré
sa force, bien que cette opinion ne se soit pas mobilisée comme
il faut. En fait, la levée partielle du blocus est le résultat
de ce réveil dans la rue arabe et de sa réaction, car les régimes
arabes, les amis de Bush et particulièrement les danseurs de
sabre avec lui, ils ont eu peur que cette barbarie israélienne
n’aboutisse à l’explosion de ce grand réservoir congestionné
sous leurs pieds.
Israël a subi des pertes à cause du blocus, car le monde
n’a pas pu croire qu’un état, civilisé ou barbare, puisse
couper l’électricité et les médicaments sur un peuple déjà
encerclé et affamé, et qu’il provoque une catastrophe
humanitaire, sanitaire et écologique similaire à ce qu’on a vu
les écrans de télévision, et les images ne mentent pas.
Ehud Olmert et son équipe gouvernementale n’ont pas
seulement fait du mal aux Palestiniens, mais aussi aux Juifs
victimes du nazisme, en se comportant de cette méthode barbare.
Car touts les lois internationales qui interdisent les punitions
collectives, qui les considèrent comme des crimes de guerre, et
qui font partie du patrimoine de l’humanité, toues ces lois
sont les résultats des sacrifices de ces Juifs, et pour empêcher
que cela se reproduise, que ce soit aux Juifs ou à tout autre
peuple.
Les Israéliens appliquent à l’égard des Palestiniens ce
que les Nazies ont aussi appliqué à l’égards de leurs
grands-parents désarmés, quand ils ont transformé la bande de
gaza d’une grande prison à un grand four de gaz, où les
habitants n’ont qu’un choix parmi deux, soit la mort sous les
balles et les éclats de bombes des chars israéliens, ou de
mourir de faim, de froid et de maladie à cause de l’explosion
des égouts due à la coupure d’électricité et l’arrêt des
usines de retraitement.
Le gouvernement égyptien qui assume une responsabilité légale
et morale sur la bande de Gaza, s’est comporté d’une manière
qui manque des moindres sentiments d’empathie et d’humanité
en blâmant aussi les palestiniens eux-mêmes, et en leur
demandant via leur porte-parole de ne pas exporter leurs problèmes
à l’Egypte, en réponse à la pénétration du passage de Rafah
par une manifestation de femmes.
Quels sont ces problèmes que ces palestiniens encerclés et
affamés exportent vers l’Egypte, l’état arabe musulman
voisin, et dont le peuple avait déjà donné des milliers de
martyrs pour défendre la dignité arabe humiliée en Palestine ?
Est-ce que la demande d’ouvrir la porte de la prison pour évacuer
les blessés et les malades est une exportation des problèmes ?
Le gouvernement égyptien a fermé la prison de Gaza sur ses détenus
et a jeté la clé à la mer. Il a tourné le dos à la souffrance
d’un million et demi de personnes comme s’il n’est pas
concerné. Et cette attitude est la pire espèce des
irresponsabilités et des indifférences envers des frères de la
même foi et de la même appartenance.
Le Président Abbas a dit qu’il avait proposé d’assumer la
responsabilité du contrôle des passages, mais qu’un côté
refusait, en sous-entendant qu’il s’agissait du côté israélien,
comme s’il avait peur de le désigner clairement. La peur domine
certains de nos responsables jusqu’à un degré élevé, de
telle manière qu’ils ne peuvent pas adresser le moindre blâme
à Israël.
Le gouvernement israélien a effectué une opération calculée
de décongestion en laissant passer quelques camions de fuel pour
éviter une catastrophe humanitaire, comme cela a été déclaré
par ses responsables. La catastrophe humanitaire continue et ne
s’arrête pas, car le blocus continue et le fuel suffit à peine
pour répondre au quart des besoins en courant électrique.
Améliorer un peu les conditions en envoyant des camions du
fuel ne veut pas dire que la situation est devenue normale dans la
bande de Gaza, et il ne faut pas que le prix de cette amélioration
partielle soit l’abandon de la résistance, ceci tant que les
fruits de l’alternative des négociations sont toujours plus de
colonies, de barrières et d’humiliation pour le peuple
palestinien.
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