Opinion
Le procès d'un
dictateur ou le pari de la révolution
égyptienne
Abdelkader Dehbi
Vendredi 5 août
2011
En ce
mercredi 3 Août 2011, correspondant au
troisième jour du mois sacré de Ramadan
– 1432 – vient de s’ouvrir au Caire, par
devant une juridiction ordinaire, un
procès qui, lui, est extraordinaire à
plus d’un titre :
- Primo : de
par la qualité des prévenus, puisqu’il
s’agit rien moins que de juger l’ex
dictateur égyptien en personne, Mohamed
Hosni Moubarak et un certain nombre de
personnages symbolisant la nomenklatura
du régime : à commencer par ses deux
fils, A’ala et Djamal Moubarak, ainsi
que l’ex ministre de l’Intérieur Habib
El-Adli, et plusieurs hauts responsables
civils et militaires du régime aboli ;
- Secundo :
de par la gravité des chefs
d’accusations multiples retenus contre
les prévenus accusés en particulier
d’avoir commandité et ordonné des vagues
de répression sanglante et massive ayant
entraîné des centaines de morts, de
blessés et de disparitions forcées, à
l’encontre de populations civiles
manifestant pacifiquement contre les
abus du régime ; sans compter les
dizaines d’affaires de détournements
massifs de deniers publics,
d’accaparements de patrimoines de la
nation ou de cas de haute trahison
couplée au sabotage criminel de
l’économie nationale, comme le montre
l’exemple du bradage d’énormes quantités
de gaz naturel égyptien, livré
clandestinement depuis des décennies, à
l’entité sioniste ennemie ;
- Tertio : de
par le caractère historique de ce
procès, puisque ce sera bien la première
fois dans l’Histoire contemporaine des
pays arabes, qu’un ex Chef d’Etat et ses
proches collaborateurs déférés devant la
justice, comme n’importe quel citoyen,
en raison de leurs crimes innombrables
et de leurs forfaitures.
En dépit de
nombreuses interrogations qui restent
encore en suspens, quant à l’issue de ce
procès, il ne fait plus aucun doute
désormais, que le seul fait d’avoir
traduit le criminel Moubarak et ses
complices par devant un tribunal pénal
égyptien, constitue en soi une grande
victoire pour le peuple frère égyptien
qui vient de signer là, une première
historique et un précédent politique et
psychologique aux conséquences les plus
prometteuses pour la marche irrésistible
de nos peuples, vers la liberté et la
dignité, la démocratie et la justice.
L’ère des
tyrans – qu’ils fussent rois, émirs ou
présidents – touche désormais à sa fin,
qui ont spolié la souveraineté des
nations, confisqué la liberté des
peuples et attenté à la dignité des
citoyens, en s’accaparant des richesses
de la nation et en bradant les
ressources du pays, avec la complicité
de puissances étrangères dont ils
espéraient en retour, la complaisance,
sinon la protection.
S’agissant en
particulier de notre pays l’Algérie,
cette image planétaire du pharaon
boursoufflé du Caire, piteusement
allongé sur sa civière aux cotés de ses
complices, derrière les grillages d’une
véritable cage aux fauves, va sonner
comme un premier avis de passage,
sonnant la fin de l’impunité, aux
oreilles d’un Bouteflika et de sa
fratrie, de leurs compères Belkhadem,
Soltani, Bensalah et autres Ouyahia.
Sans oublier bien sûr, leurs parrains
militaires que sont les généraux-dafs
comme les Nezzar, les Toufik, les
Guenaïzia, les Ghezyel et toute la
sinistre cohorte de tortionnaires et de
miliciens à leur botte, qui ont plongé
notre pays dans la guerre civile, au
lendemain du Coup d’Etat du 11 Janvier
1992,
Tout ce beau
monde aura à répondre un jour ou
l’autre, collectivement et
solidairement, des crimes
imprescriptibles commis contre le peuple
algérien ainsi que des pillages du
patrimoine national et des détournements
à grande échelle des deniers public, se
chiffrant par milliards de dollars. Car,
il n’est nullement écrit que le peuple
algérien qui a payé le plus lourd tribut
humain de l’Histoire de la
décolonisation et subi l’une des guerres
civiles récentes les plus meurtrières,
restera à l’écart de la marche de
l’Histoire. Et ce ne seront, ni les
miettes de la rente pétrolière
distribuées de manière régalienne, ni
les augmentations et autres « rappels »
à coups de millions de dinars en faveur
des corps de sécurité, ni encore moins
la pitoyable mascarade dite des
« réformes » qui achèteront une
quelconque paix civile d’où le peuple
est absent.
En tout état
de cause, la Justice de Dieu est
indivisible. Elle passera pour tout le
monde. Nécessairement.
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