Al-Quds Al-Arabi
Qu'est-ce
qu'on mijote pour la Syrie
Abdel Bari Atwan
Abdel Bari Atwan
Le 24/09/2007
On assiste à des
mouvements anormaux sur le front intérieur syrien ces jours ci,
car suite au mystérieux raid aérien israélien sur la région de
Deir-Ezzor au nord est de
la Syrie
, on a déclaré l’état de mobilisation par deux fois en moins
de 48 heures ces trois derniers jours, durant lesquels des avions
de combat israéliens ont survolé le plateau du Golan.
Ces mouvements
surviennent en même temps que des fuites israéliennes à la
presse dans le but de provoquer plus d’embarras et de confusion.
Hier soir, le Sunday Times a publié un rapport rédigé par un
proche des appareils de renseignements israéliens, et qui précise
qu’une unité israélienne spéciale de commandos s’est
infiltré dans les profondeurs syriennes pour s’emparer des équipements
nucléaires nord coréens qui étaient une partie d’un complexe
nucléaire en cours de construction.
Ce sont des
signes qui montrent que les possibilités d’effectuer une frappe
militaire contre
la Syrie
sont devenues imminentes. Et la question posée avec force est de
savoir si cette frappe se fera dans un cadre d’une attaque
globale américaine-israélienne contre l’Iran et
la Syrie
ou bien contre cette dernière toute seule ?
Les préparations
américaines pour frapper l’Iran ne se sont pas arrêtées. Après
les déclarations de Bernard Kouchner, le ministre français des
affaires étrangères, demandant à son pays de se préparer à la
guerre, le Sunday Times a dévoilé dans son numéro d’hier que
l’armée de l’air américaine a chargé un groupe de ses
meilleurs officiers d’établir un plan stratégique ultra
confidentiel pour la prochaine guerre contre l’Iran. Le journal
a dévoilé que le commandement central américain planifie depuis
deux ans pour lancer une attaque probable contre l’Iran, et
qu’il a chargé le général Lawrence Stutz, l’un des généraux
les plus brillants d’armée de l’air, de superviser le nouveau
plan, avec l’assistance de Dr. Lani Kass, un précédent
officier militaire israélien et expert dans la guerre électronique.
Le Sunday Times
britannique ne parle pas sans source, il est connu pour
l’exactitude de ses informations du fait de la proximité de
certains de ses collaborateurs des appareils de renseignement
britannique, américaine et israélienne, et il a été utilisé
efficacement par le passé pour laisser échapper des informations
similaires, dont certaines étaient erronées, à propos du
programme nucléaire irakien dans le but d’amplifier le danger
de ce programme tout d’abord, et de dresser l’opinion publique
occidentale contre le régime du Baath au pouvoir à Bagdad pour
justifier les plans de son renversement et l’occupation de
l’Irak. Le fait d’établir un lien de plus en plus fort entre
la Corée
du Nord et
la Syrie
, et l’affirmation que cette dernière cherche à se procurer
des armes nucléaires vont dans le cadre d’une campagne enragée
contre
la Syrie
pour diaboliser son régime de la même manière utilisée pour
diaboliser le régime du feu président irakien Saddam Hussein.
Il y a deux
scenarii principaux qu’on peut déduire des campagnes de tapage
et de provocation croissantes contre
la Syrie
, le premier stipule qu’Israël, avec l’accord préalable des
Etats-Unis et peut-être de
la France
aussi, s’apprête à effectuer des frappes préalables des trois
natures, la première vise
la Syrie
, la deuxième pour le Hezbollah au Liban Sud et la troisième
pour les mouvements de résistance islamiques dans la bande de
Gaza et particulièrement le Hamas.
Le but des ces
frappes préalables est de détruire les capacités des missiles
pour
la Syrie
et le Hezbollah particulièrement, de tester les défenses aériennes
syriennes et de son arsenal d’équipements importés de Moscou récemment,
et d’essayer de provoquer l’Iran et de le pousser vers la
guerre pour défendre ses alliés au Liban et en Syrie, ce qui va
faciliter la prise de décision pour attaquer l’Iran par le président
Bush et son administration et le gouvernement israélien.
Le deuxième scénario
se résume à des frappes provocatrices limitées contre
la Syrie
à l’instar du raid contre Deir-Ezzor pour occuper son
commandement et l’embarrasser aux niveaux intérieur et arabe du
fait de son incapacité à riposter, en attendant la grande
attaque globale contre elle et l’Iran en même temps.
Le premier scénario
semble plus probable, car viser
la Syrie
seule et lui adresser des frappes serait peut-être le choix le
plus facile et le moins coûteux en comparaison avec le coût du
deuxième choix en attaquant l’Iran, ce qui est un coût énorme
à tous les niveaux. Et il semble que quelques pays du golfe préfèrent
cette option car la riposte syrienne, si jamais elle a lieu, ne va
pas les viser contrairement au cas si c’était l’Iran, et
parce que ces pays croient qu’une frappe israélienne conte
la Syrie
et le Hezbollah au Liban pourrait en finir avec leurs influences
au Liban et donc y apporterait la sécurité et la stabilité, et
donnerait plus de poids à la coalition du 14 mars, c.à.d. Hariri
et ses partenaires.
Il est clair
qu’il y a un processus de destruction d’image, c.à.d. la
destruction de l’identité du régime syrien et
l’affaiblissement de son image devant l’opinion publique
syrienne en premier lieu et arabe en second lieu, en le montrant
comme un faible incapable de riposter aux pénétrations israéliennes
insultantes et humiliantes pour son front intérieur à travers
des raids israéliens dans sa profondeur stratégique, et par les
fuites à la presse à propos de l’infiltration d’un groupe de
commandos jusqu’à ses frontières nord les plus éloignées et
leur pénétration dans des zones militaires sensibles censées être
sous haute protection et l’enlèvement des équipements et
outils nucléaires.
L’objectif de
ces fuites est double, le premier est de montrer l’étendue de
la faiblesse des deux establishments sécuritaire et militaire
syriens, et le deuxième est de redorer le blason des
establishments sécuritaire et militaire israéliens après avoir
perdu leur réputation et avoir subi une défaite humiliante dans
la dernière guerre libanaise.
Le silence
officiel syrien, l’absence de transparence et le fait de ne pas
répondre d’une manière factuelle et convaincante à ces fuites
journalistiques israélienne et américaine, cela donne de la crédibilité
à ces fuites et lui permet d’atteindre ses objectifs recherchés.
Il est clair que la majorité des responsables et des intervenants
syriens ont montré beaucoup d’embarras en répondant à ces
fuites, ce qui s’était passé à Deir-Ezzor, la nature du raid
israélien et les objectifs militaires visés.
On ne rajoute
rien en affirmant de nouveau que la Syrie est visée par Israël
et les Etats-Unis ensemble avec les états de la coalition modérée
arabe, car elle s’accroche toujours au minimum des principes
arabes, mais le problème du régime syrien est qu’il n’essaye
pas de briser l’isolation que lui impose le régime officiel
arabe, en essayant d’atteindre la rue arabe et de la gagner à
son côté en tant qu’une option parmi le peu d’options encore
possibles.
Et ce qui est
voulu par rompre l’isolation est de procéder à des actions
courageuses qui vont renforcer son front intérieur, en libérant
les prisonniers politiques, en élargissant le cercle des libertés
politiques et médiatiques, et en adoptant un nouveau discours
arabe résistant, car le temps est compté, la marge de manœuvre
est restreinte et l’hésitation pourrait avoir des effets complètement
inverses. Il se peut que la proximité de la fête de fin du mois
de Ramadan (Eid al-Fitr) fournisse la bonne occasion pour vider
les prisons et les maisons d’arrêt de quelques symboles
nationaux qui étaient en désaccord avec le régime sur des
questions concernant les libertés et les réformes politiques et
non pas sur des affaires stratégiques comme l’affrontement des
projets d’hégémonie américain et israélien.
Nous flairons
l’odeur d’un plaisir mesquin dans certains couloirs arabes
officiels à propos des provocations israéliennes envers la
Syrie, et nous n’exagérons pas en disant que quelques régimes
arabes réclament une frappe israélienne contre la Syrie en privé
comme en public, ce qui est une chose désolante, affligeante et
triste à tous les niveaux, et nous ne pensions pas qu’il y
aurait un temps où nous vivrions une telle tragédie.
Il se peut que la
direction syrienne ait commis quelques erreurs, voire même des désastres
au Liban, en réponse aux humiliations qu’elle a subies et qui
l’ont forcées à retirer ses forces d’une manière
rabaissant, mais cela ne veut pas dire que certains arabes se
rangent au même côté que toute agression américaine-israélienne
commune pour détruire ce pays arabe qui a participé à toutes
les batailles de la nation arabe contre ses ennemis.
http://www.bariatwan.com/index.asp?fname=23m59.htm&storytitle=ffماذا%20يُطبخ%20لسورية؟fff
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