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Al Quds Al Arabi
Le Golfe et la
troisième guerre mondiale
Abdel Bari Atwan
Quand le vice –président
Américain Dick Cheney avertit que son pays ne permettra jamais à
l'Iran de posséder l'arme atomique et menace Téhéran des pires
conséquences s'il ne suspendait pas son programme
d'enrichissement de l'Uranium, il nous faut prendre ses menaces au
sérieux, surtout qu'elles viennent quelques jours après les
menaces proférées par son président Georges Bush, d'une troisième
guerre mondiale, au cas où le monde ne stopperait pas les
ambitions nucléaires de l'Iran.
Al-Quds Al-Arabi
: 22 /10/07
http://www.alquds.co.uk/index.asp?fname=today\21z29.htm&storytitle=ff/
Le mois de Ramadhan est fini, ainsi que les fêtes
de l'Aid et les capitales arabes, notamment du Golfe, ont commencé
à sortir de leur torpeur et à se préparer à la mobilisation
psychologique et médiatique que l'administration américaine a préparée
dans ses moindres détails, à la veille de la guerre, exactement
comme elle l'avait fait avant l'invasion et l'occupation de
l'Irak.
Dick Cheney est le maître à bord à Washington. C'est lui qui
avait pris la décision de la guerre contre l'Irak. Plusieurs
journaux américains ont rapporté récemment qu'il vient de
mettre au point les derniers détails d'un nouveau plan d'attaque
de l'Iran parce qu'il voit dans les ambitions atomiques de ce
pays, une menace pour la domination américaine des plus grandes réserves
pétrolières du monde. C'est ce qui explique la déclaration de
Nancy Pélosi, présidente de la majorité démocrate, sur la nécessité
pour l'administration, d'obtenir l'aval du Congrès avant toute
nouvelle guerre contre l'Iran. Cheney ne menace pas dans le vide.
Il a choisi l'Institut de Washington pour la politique du moyen
orient, connu pour son soutien à Israël, pour lancer aux arabes
et aux israéliens, ses partenaires dans cette nouvelle guerre,
son avertissement : la guerre arrive et les préparatifs doivent
commencer.
La guerre contre l'Iran continue celle contre l'Irak dans le but
de garantir qu'Israël reste l'unique puissance régionale dotée
de l'arme atomique et, de dominer les champs et les réserves du pétrole.
Quand le ministre de la défense Australien a dit que le pétrole
était une des causes essentielles de l'invasion de l'Irak, il
n'avait pas fait un lapsus lingue. Il n'était pas surprenant non
plus que Allen Grispan, président de la réserve fédérale
durant dix ans, dise la même chose dans son nouveau livre.
Les estimations officieuses des réserves pétrolières de l'Irak
qu'on s'ingénie à garder secrètes, de l'ordre de 115 milliards
de barils, sont au fait bien inférieures au chiffre réel qui est
de l'ordre de 300 milliards de barils. C'est ce qui explique que
les troupes américaines aient permis, aux premiers jours de
l'invasion, de piller tout sauf le ministère du pétrole. C'est
ce qui explique aussi l'entêtement des Etats-Unis à faire voter
la loi sur les hydrocarbures par le nouveau parlement irakien,
laquelle réduit le contrôle de la compagnie nationale irakienne
du pétrole à 18 puits sur les 80 qui existent actuellement,
laissant les autres aux compagnies américaines et britanniques et
ce pour les 30 ans à venir. On estime qu'au cours de cette période
1000 nouveaux puits seront forés dans ce pays sinistré.
L'administration américaine sait parfaitement que la poursuite de
sa domination sur les réserves pétrolières du Golfe est le seul
moyen de contenir le danger Chinois rampant. La Chine consomme
actuellement 13 millions de barils par jour dont la moitié est
importée de la région du Golfe précisément. Sa consommation
croît de 7,5% par an ce qui veut dire que ses besoins vont
doubler en moins de 15 ans, période à la fin de laquelle les
experts estiment que les réserves de pétrole seront taries
partout ailleurs hors de la région du Golfe et principalement en
Irak.
Les gouvernements des pays du Golfe connaissent parfaitement les détails
des plans de la guerre américaine contre l'Iran comme ils ont
connu ceux contre l'Irak. Ils ont commencé à la «
commercialiser », en insistant sur le caractère, éminemment
plus grand, du danger iranien que le danger américano-israélien
et, en s'apprêtant à acquérir les armes les plus sophistiqués.
Ainsi, le Koweït a annoncé l'achat de fusées Patriot
anti-missiles et l'Arabie Saoudite a fait de même.
Mais pourquoi le Koweït achèterait-il donc ces fusées alors
qu'il héberge 30.000 militaires américains et que 30% de son
territoire servent de base à un arsenal américain sophistiqué
et diversifié ?
Dans une réunion privée, un haut responsable d'un pays du Golfe
a déclaré que son pays connaît parfaitement le danger iranien
sur sa sécurité et sa souveraineté et qu'il ne tient nullement
compte des surenchères des groupes islamistes et nationalistes
qui voient en Israël le danger suprême, ajoutant textuellement
« que peuvent pour nous l'Egypte, la Syrie ou le Yémen au cas où
nous sommes attaqués par l'Iran ou pris en otage par son arsenal
atomique, si les américains ne le détruisent pas ? Israël ne
représente pas un danger pour nous et son programme nucléaire
n'est absolument pas une source d'inquiétude. Israël possède un
arsenal nucléaire mais il ne l'a jamais utilisé ».
Une personne présente dans ce cercle privé a rétorqué à ce
haut responsable du Golfe « qu'Israël n'avait pas à utiliser
ses armes nucléaires puisqu'il dispose d'un arsenal d'armes
conventionnelles destructrices, fournies par les USA, mais ces
derniers ont été le seul pays au monde à avoir utilisé l'arme
atomique, et ils servent de modèle pour Israël ».
Le grand malheur est que certains pays du Golfe qui poussent, tout
comme Israël, l'Amérique à attaquer l'Iran, ne veulent pas réfléchir
aux conséquences désastreuses de toute guerre et ne demandent
pas à leur grand allié le sort qu'il réserve à L'Iran et à
toute la région à l'issue de cette guerre attendue.
L'administration Bush a réussi à détruire l'Irak et à changer
son régime mais elle n'a pas réussi à construire la paix et la
stabilité dans la région et c'est ce qui peut se passer de
nouveau à l'issue de toute nouvelle guerre contre l'Iran.
Le Commandant de la Garde révolutionnaire iranienne a déclaré
hier que son pays lancera 11.000 fusées à la première minute
d'une attaque américaine contre son pays. Cet homme ne ment pas même
s'il a peut-être exagéré le chiffre. La moitié de ces fusées
suffit à détruire complètement les villes du Golfe. L'Iran ne
pourra peut-être pas affronter le tapis de bombardement de ses
infrastructures, mais il se prépare sûrement à la phase postérieure
à la première frappe pour répliquer, tout comme il a fait en
Irak.
Les pays du Golfe et les Etats-Unis seraient-ils en mesure de résister
à une guerre d'usure terroriste de la part de l'Iran pour les années
à venir ?
La démission de Ali Larijani, responsable du dossier atomique et
l'un des rivaux du président Ahmedi Nedjed, est un signe supplémentaire
que l'Iran prépare ses plans pour les lendemains de l'attaque et
que « l'aile dure » du régime est parvenue à avoir la haute
main sur les affaires. La question est de savoir si les dirigeants
arabes ont des plans et des projets, surtout ceux qui se sont
alignés sur l'Amérique et battent les tambours de sa guerre ?
Traduit de l'arabe par Ahmed Manai : www.tunisitri.net/
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