|
Cirepal
Olmert n'a pas échoué, c'est la résistance
qui a vaincu
Abdel Bari Atwan
al-Quds al-Arabi, 2 mai 2007
La commission d'enquête sur les défaillances de la guerre au
Liban a accusé Olmert, le premier ministre israélien et Amir
Peretz, le ministre de sa guerre, ainsi que Dan Halutz, le
commandant en chef de l'armée, d'être responsables de la
cuisante défaite dans la direction de la guerre au cous de l'été
dernier. Mais la réalité est tout autre, car la principale
cause de cet échec historique et inédit revient en premier
lieu à la résistance islamique dirigée par le Hizbullah
libanais, à sa stratégie militaire extrêmement minutieuse et
à la résistance de ses combattants sur le champ de bataille.
Olmert a cru que la guerre au Liban serait facile, comme toutes
les guerres israéliennes précédentes face aux armées arabes
officielles et ses régimes, et c'est pourquoi il l'a engagée,
en toute confiance et arrogance, tranquillisé d'avance sur ses
résultats. Ainsi a également fait son ministre de sa guerre et
le commandant de son armée.
L'armée israélienne est la plus puissante dans la région, car
les armées des régimes arabes sont faibles et n'ont pas été
préparées pour remporter des victoires, mais pour s'effondrer dès
la première confrontation avec l'ennemi israélien, et même si
elles résistaient, comme ce fut le cas lors de la guerre du 6
octobre 1973, c'est pour quelques jours seulement, contrairement
à la résistance islamique qui fut fondée pour mener une
guerre d'usure contre l'ennemi et lui porter une défaite. Ainsi
elle fit lorsqu'elle obligea les Israéliens à se retirer,
contraints et défaits du Sud-Liban d'abord, et les a obligés
à un cessez-le-feu au cours de l'été dernier, à la
recherche de leur sécurité et pour éviter leurs pertes
matérielles et morales.
Toutes les guerres arabes avec les Israéliens n'ont duré que
quelques jours, une semaine tout au plus, à l'exception de deux
guerres, la première fut au cours de l'été 1982 lorsque la résistance
palestino-libanaise est restée debout pendant plus de trois
mois pour la défense de Beirut face aux forces de l'invasion
israélienne, et la seconde fut au cours de l'été dernier,
lorsque la résistance libanaise islamique a remporté une
victoire historique, non seulement en restant debout pendant 34
jours, mais en portant la bataille au coeur même de l'Etat israélien,
pour la première fois dans l'histoire du conflit israélo-arabe.
Les Arabes officiels, membres de l'axe de la modération, ont
partagé avec Olmert son optimisme concernant la fin rapide et
heureuse de la guerre déclenchée contre le Liban, et ont fait
porter au Hizbullah la responsabilité de ses conséquences, ils
l'ont même accusé d'avoir entraîné le Liban vers la guerre
lorsqu'il a exercé son droit légitime en faisant face à
une patrouille israélienne et en tuant quelques soldats et en
arrêtant deux autres. Les récentes déclarations de John
Bolton, le précédent ambassadeur américain aux
Nations-Unies et l'un des vautours ultra-conservateurs, à la
chaîne al-Jazeera, viennent confirmer cette vérité ainsi que
les contacts établis entre certains responsables arabes et le
premier ministre israélien, le félicitant et lui affirmant
leur solidarité dans sa guerre contre l'un des derniers
bastions de la résistance arabe au Liban.
La résistance islamique au Liban a accepté toutes les équations,
et a prouvé que l'armée israélienne ne peut pas vaincre
lorsque la détermination et la volonté sont là, et
lorsque la foi est puissante dans les coeurs des combattants et
lorsqu'il y a une direction nationale propre, croyante et ferme.
L'aviation israélienne, qui avait remporté toutes les
batailles et les guerres précédentes contre les régimes
arabes, a perdu sa force dans la guerre contre le Liban, et est
devenue un outil de destruction au lieu d'être un outil de décision.
Une nouvelle force plus efficace est apparue, elle porte un nom,
l'arme des fusées de différentes tailles et différentes portées.
Les fusées ont toujours été présentes dans les armements des
régimes arabes qui ont probablement des fusées encore plus
puissantes que celles du Hizbullah, mais ce que le Hizbullah
possède et que les dirigeants des armées officielles arabes et
les dirigeants politiques ne possèdent pas, c'est le trio
volonté, détermination et foi. C'est pour cela que l'intérieur
israélien fut toujours protégé et tranquillisé dans sa sécurité
et sa stabilité, jusqu'à ce que les fusées du Hizbullah
commencent à pleuvoir dessus, à partir de leurs bases dans le
Sud du Liban.
Un million et demi d'Israéliens ont fui la Galilée, Tabaraya
et les villes du nord pour sauver leur peau, et il n'y avait
plus d'Israéliens dans les colonies, alors que la majorité des habitants
du sud du Liban sont restés dans leurs villages et leurs villes
pour soutenir la résistance et entourer sa direction.
La seule réalisation de l'armée israélienne fut de commettre
les massacres de Qana et de 'Ayta Shaab, la destruction de la
banlieue sud, la destruction des ponts et des stations d'eau et
d'électricité, alors que ses chars n'ont pu avancer d'un seul
millimètre à l'intérieur du pays, et la plupart des villages
du sud sont devenus des cimetières collectifs pour les chars
israéliens Merkava, considérés comme l'une des
meilleures réalisations israéliennes dans le domaine de
l'armement.
Les Israéliens sont ébranlés car leur armée, sur laquelle
ils ont beaucoup compté, n'est plus capable de les protéger et
leur assurer la sécurité, et c'est ce qui explique la vague de
départ et les longues queues de centaines, voire de milliers
d'Israéliens devant les ambassades américaine, canadienne et
australienne, pour faire les demandes d'émigration, ou devant
les ambassades européennes pour recupérer leur nationalité,
ou bien les recherches entreprises sur leurs ancêtres
qui étaient venus sur la "terre promise", afin
de trouver un autre lieu plus sûr et un avenir meilleur pour
leurs enfants.
4000 fusées furent tirées par la résistance islamique dans
l'intérieur israélien, et toutes ont touché leurs cibles avec
une haute précision, au moment où d'autres fusées
surprenaient les navires en mer et les touchaient de plein fouet pour
les chasser des eaux territoriales libanaises, sans espoir de
retour.
Olmert refuse de démissionner et s'accroche au pouvoir, et
aussi Amir Peretz, pensant probablement lancer une nouvelle
agression contre le Liban ou contre l'Iran, pour récupérer son
audience défaillante, mais il démissionnera certainement,
contraint, en fin de compte tout comme a été obligée de le
faire Golda Meïer, après une enquête similaire après la
guerre d'octobre 1973.
Il est cependant paradoxal que le régime arabe officiel, qui
devrait s'endurcir contre Israël affaibli et vaincu, semble
plus faible encore pour pouvoir lui faire face, et il se porte
volontaire pour réclamer la paix avec lui selon ses propres
conditions (israéliennes), il fait à nouveau vivre une
initiative morte et désagrégée, constitue des commissions
pour la réactiver, et indique, par des signes, qu'il est prêt
à faire des concessions sur le droit au retour, qui est la base
de la question palestinienne, pour le remplacer par le droit aux
compensations.
Le Hizbullah a le droit de fêter encore une fois sa victoire
dans cette guerre et les résultats de ces enquêtes qui dénoncent
Olmert et son équipe militaire, et qui menacent de le faire
tomber, tôt ou tard car cette victoire a été baptisée par le
sang, les sacrifices, la résistance et le degré le plus
élevé de la maîtrise et du don de soi.
Le compte à rebours de l'arrogance israélienne a commencé
dans les villages du sud, et ce, depuis le survol du premier
avion israélien de l'espace aérien libanais. Le temps n'est
plus où le soldat arabe se déchausse et prend la fuite avant même
de commencer la bataille.
Le temps du lancement des fusées est venu, du nord et du sud,
et du sud palestinien (Gaza) vers les colonies israéliennes du
nord, et du nord libanais vers les villes et les villages israéliens
dans le sud, en Galilée. Les peuples arabes ont commencé à
prendre l'initiative après avoir été déçus par les régimes
qui ont détruit leur moral par leurs défaites répétées.
C'est ainsi qu'ils sont en train de renverser les rapports de
force, en Irak, au Liban et en Palestine occupée.
Traduit par Centre
d'Information sur la Résistance en
Palestine
|